Mis en examen pour avoir révélé que le Luxembourg était un paradis fiscal
Français de 28 ans, la justice luxembourgeoise l'a mis en examen car il est soupçonné d'être l'auteur des fuites qui ont déclenché le scandale Luxleaks sur l'évasion fiscale dans le Grand-Duché.
Pour ceux qui ne suivraient pas, le Luxembourg est l'un des états fondateurs du Marché commun, l'ancêtre de notre UE. En ce moment, le président de la Commission européenne, adoubé par les 28 pays capitalistes formant cette union, est Jean-Claude Juncker, ex-premier ministre du Luxembourg et ex-patron de l'Eurogroupe, la monnaie du capitalisme européen libre et non faussé.
Ceci dit, on comprend que les révélations d'Antoine Delfour, cet employé du cabinet PWC, qui négociait les accords fiscaux avec des multinationales dont des françaises, ont de quoi donner de l'urticaire, sinon plus aux hors-sol et au patronat dirigeant l'Europe.
Dans Libération de ce jour, Antoine Delfour explique comment il est tombé sur ces documents:
"La veille d'un départ, on cherche forcément à capitaliser son expérience professionnelle. J'ai copié des documents de formation, mais en explorant la base informatique de PWC, je suis aussi tombé sur les fameux tax rulings (rescrits fiscaux). Sans intention particulière ni projet précis, je les ai aussi copiés car j'étais consterné par leur contenu."
Il explique aussi n'avoir jamais contourné aucune protection informatique et réfute être le seul pouvoyeur desdits documents aux médias. En Effet, il a quitté PWC en 2010 et depuis, le Consortium international des journalistes d'investigation, auquel Le Monde participe, a fourni des documents internes postérieurs à son départ.
Antoine Delfour dit aussi:"Il est injuste que le Luxembourg soit le seul pays cloué au pilori, qu'un seul cabinet d'audit soit pointé du doigt, car ces pratiques sont systémiques. (...) Il s'agit de planification fiscale agressive mise en place par certains Etats, de stratégies complexes pratiquées à échelle industrielle par certains cabinets. La régulation sera toujours en retard sur l'ingénierie financière".
On ne lui fait pas dire.
Question: On la quitte cette Union européenne de merde où on attend sagement de la repeindre en plus juste et solidaire, aujourd'hui... ou bien peut-être demain?
Ou dans le grand-duché du Luxembourg, ou dans les îles britanniques sous pavillon de sa gracieuse majesté Elisabeth 2 d'Angleterre, ou en Belgique...