En plein mois d'août 1944, le peuple de Paris se soulevait et se libérait
Le 18 août 1944, le communiste Rol-Tangui, chef des FFI de l'Île-de-France, dans une affiche placardée, proclamait la mobilisation générale. Les premiers combats de l'insurrection débutaient le 19 août. Le 24 août, une compagnie de la 2e DB du général Leclerc pénétrait dans Paris et soutenait l'insurrection populaire. Le 25 août, les Allemands capitulaient.
Acte de reddition signé par le général Leclerc, le colonel Rol-Tangui et le général Von Choltitz
Et Paul Eluard le chantait dans En plein mois d'août:
En plein mois d’août un lundi soir de couleur tendre
Un lundi soir pendu aux nues
Dans Paris clair comme un oeuf frais
En plein mois d’août notre pays au barricades
Paris osant montrer ses yeux
Paris osant crier victoire
En plein mois d’août un lundi soir
Puisqu’on a compris la lumière
Pourra-t-il faire nuit ce soir
Puisque l’espoir sort des pavés
Sort des fronts et des poings levés
Nous allons imposer l’espoir
Nous allons imposer la vie
Aux esclaves qui désespèrent
En plein mois d’août nous oublions l’hiver
Comme on oublie la politesse des vainqueurs
Leurs grands saluts à la misère et à la mort
Nous oublions l’hiver comme on oublie la honte
En plein mois d’août nous ménageons nos munitions
Avec raison et la raison c’est notre haine
Ô rupture de rien rupture indispensable
La douceur d’être en vie la douleur de savoir
Que nos frères sont morts pour que nous vivions libres
Car vivre et faire vivre est au fond de nous tous
Voici la nuit voici le miroir de nos rêves
Voici minuit minuit point d’honneur de la nuit
La douceur et le deuil de savoir qu’aujourd’hui
Nous avons tous compromis la nuit.
Et Rober Doisneau photographiait:
Et les premiers soldats français, qui pénètrent dans Paris le 24 août 1944, sont Espagnols. Ils appartiennent à la nueve (la 9e compagnie) de la 2e DB du général Leclerc, principalement composés d'anarchistes combattants sous les couleurs tricolores de la France libre.
C'est le char Guadalajara qui franchit le premier les boulevards extérieurs - Guadalajara, du nom d'une victoire républicaine sur les soldats mussoliniens alliés de Franco lors de la Guerre d'Espagne. Une foule entoure ce détachement. On le croit américain. Mais surprise, ces soldats de la France libre parlent le castillan et leurs chars portent les noms de batailles de la guerre d'Espagne - Ebro, Teruel, Brunete, Madrid - mais également celui de Don Quijote ou de Durruti, le chef de la FAI, tué par une "balle perdue" sur le front espagnol alors qu'il comptait se joindre aux combattants du PCE.
Une histoire méconnue de notre histoire de France:
Quelques heures plus tôt, le capitaine Dronne a reçu l'ordre du commandant de la 2" DB :"Dronne, filez sur Paris, entrez dans Paris, passez où vous voudrez, dites aux Parisiens de ne pas perdre courage, que demain matin la division tout entière sera dans Paris ".
Ce haut fait est connu. Une chose l'est moins: la 9e compagnie, surnommée la Nueve, essentiellement composée de volontaires espagnols, entre la première dans Paris.
La plupart ont combattu dans les rangs de l'armée républicaine espagnole ou dans les milices populaires pendant la guerre d'Espagne. Après la victoire de Franco en avril 1939, quelques uns se sont exilés en Afrique du Nord française. Le plus grand nombre a été interné dans des camps en France ou affectés à des compagnies de travailleurs étrangers, avant d'être envoyés en Afrique du Nord. À la suite du débarquement américain en novembre 1942, ils se sont engagés dans une unité de volontaires des Français Libres, les corps-francs d'Afrique.
Le général Leclerc, lorsqu'il forme sa 2e DB, les recrute. Ils seront 2 000 sur les 16 000 hommes de la 2e DB.
Ce sont les véhicules du lieutenant Amado Granell, qui rêve de la restauration de la République en Espagne; de l'adjudant-chef Campos, chef de la 3e section, anarchiste évadé d'Espagne; du sergent-chef Garces, aragonais de Saragosse, matador sous le nom de Larita II, ancien de la Légion, d'Enguinados, né au Mexique d'une mère indienne et d'un père espagnol, engagé à 15 ans dans les rangs républicains ; de Juan Reiter, Allemand d'origine, ancien de la Légion, ancien chef de bataillon de I'armée républicaine espagnole, évadé d'Espagne ; de Carino Lopez, marin-pêcheur galicien qui, après la débâcle des républicains, rejoignit Oran sur une petite chaloupe, qui entrent donc dans Paris.
