Pôle emploi continue de sous-traiter au privé
Pôle emploi est un établissement public. Mais sous Nicolas Sarkozy, il a recouru à des cabinets privés de placements pour des chômeurs. Avec François Hollande à l'Elysée, on l'a compris, le changement ce n'est pas maintenant. De ce fait, 130 millions d'euros par an (de sous publics) ont été affectés à des opérateurs privés de placement. Curieusement, maître Migaud, sur sa Cour des comptes perché, n'y a vu aucun renard alléché par le fromage (de sous publics pour ceux qui ne suivraient pas).
En 2012, 240 000 chômeurs sont passés par ces organismes privés, lesquels affichent des résultats moins bons que les agents du service public pour placer les chômeurs, selon Pôle emploi lui-même. Pire, plusieurs cabinets privés ont fait faillite, comme dans la fable la grenouille et le boeuf. Dernier exemple : le redressement judiciaire de C3 consultants, un des plus gros acteurs privé de ce marché. Mais bonne fille, la France (vous et moi qui payons impôts et taxes), par Pôle emploi interposé, mercredi 5 février 2014, a décidé de banquer 3,5 millions d'euros d'avance à C3 consultants. Pourtant, la société avait fait l'objet de sanctions en raison de soupçons de fraude sur plusieurs marchés en Seine-Saint-Denis.
Auparavant, Claf et Initiative, avaient eux aussi mis la clef sous la porte après avoir été sanctionnés par Pôle emploi pour non respect du cahier des charges. Malgré tout cela, "Le privé est plus flexible que Pôle emploi pour faire face à la variation du nombre de chômeurs", défend un membre de son conseil d'administration. Et la CFDT est d'accord avec cette analyse. Ah, j'oubliais, ces opérateurs ont recours massivement à des CDD pour recruter leurs conseillers.
Bon, comme maître Migaud n'y a vu que dalle, on continue donc. Avec des rémunérations au forfait pour les potes du privé et non plus au résultat, même s'il y a abandon de chômeurs en cours de route. Ben oui, c'est à cause que les boites privées investissent dans l'immobilier pour les accueillir, sans avoir le temps de rentabiliser l'achat. Et puis, les opérateurs privés ne traiteront que des chômeurs "autonomes" ou avec "des besoins spécifiques". Sic et re-sic. La CFDT est toujours d'accord.