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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

N'en jetez plus, la cour est pleine tant, dès l'annonce de la mort de Nelson Mandela, on s'est bousculé au portillon pour lui tresser des louanges les plus enflammées. Non que le premier président noir de l'Afrique du Sud ne les méritait pas. Mais l'ensemble du monde occidental a été du côté du pouvoir blanc sud-africain et de l'apartheid pendant plusieurs décennies. Ce pouvoir blanc minoritaire et fascisant en afrique du Sud qui enferma Madiba plus de 25 ans aux travaux forcés.

Nelson Mandela et sa femme Winnie le jour de sa libération, le 11 février 1990 (ALEXANDER JOE / FILES / AFP)

 

Alors que le régime de ségrégation raciale se met en place en Afrique du sud à partir de 1948, l’Otan, bras armé international des USA, va considérer ce pays comme un pion essentiel pour contrôler la route maritime du Cap empruntée par les supertankers pétroliers et pour protéger la source des minerais sud africains vitaux pour l’industrie de défense de la libre Amérique.

panneau d'apartheid

D'ailleurs, l'OTAN a toujours soutenu les dictatures. Le Portugal de Salazar en faisait partie quand son gouvernement fasciste perpétrait ses guerres coloniales interminables au Mozanbique et en Angola. Ainsi, l'OTAN privilégait ce qu'il appelait le « front anticommuniste ».

Sous l'égide de l'OTAN et de la CIA, dans la péninsule du Cap, l’armée sud-africaine avait installé une station d’écoute et de surveillance des mers du sud.

La France n'a pas été en reste dans sa collaboration avec l'Afrique du sud raciste de cette époque. Elle lui a vendu sa première centrale nucléaire dans les années 1970 et des armes, alors que l'ONU avait mis ce pays au ban des nations.

Lors d'un massacre dans le ghetto de Zovetto en 1976, qui fit des centaines de morts, le plus souvent abattus dans le dos par les forces de police raciales, l'ambassadeur de France resta en poste à Prétoria. En France même, le Congrès national africain (ANC) dont les dirigeants croupissaient en prison à Robben Island, était bien isolé. Lorsque des délégations du mouvement de libération, conduites par Thabo Mbeki, futur président noir, passait par Paris, il habitait dans une chambre et était ignoré par le gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing.

Et en plein milieu de l'apartheid, l'équipe de France de rugby participa à une tournée en Afrique du sud en 1971.

Soweto 1976, Hector Petersen avait 13 ans. Les balles qui l'ont tué pouvaient venir de France

Soweto 1976, Hector Petersen abattu à13 ans.

Plus tard, au début des années 80, lorsque la situation de l’Afrique du Sud est devenue quasi insurrectionnelle, la droite française participe au stratagème de Pretoria pour favoriser une « troisième voie » en la personne d'un chef zoulou, un Noir « présentable ». C'est à coups de machette que ses miliciens s'en prennent aux miltants de l'ANC. Pour autant Buthelezi est officiellement reçu par Ronald Reagan président des USA, et Margaret Thatcher, première ministre du Royaume-Uni, et, en France, par Jacques Chirac maire de Paris. Quant à l'extrême-droite française, Nelson Mandela n'est pour elle qu'un pur terroriste.

Et dans les manifestations anti-apartheid en France, la CGT et le PCF étaient bien seuls. Où était à ce moment-là, pour le boycot des produits sud africains en France et les sanctions économiques contre l'Afrique du sud, le parti de François Hollande et de Harlem Désir?

liberez-mandela1.jpg

 

Le consensus d’aujourd’hui autour de Nelson Mandela ne doit pas faire oublier les errements criminels d’hier qui ont contribué à le laisser plus d’un quart de siècle en prison, et à prolonger la durée de vie de l’apartheid.

Non, la France, la patrie des droits de l'homme, n'a pas été du bon côté.

mandela09.jpg

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C
Bonsoir Roger,<br /> <br /> Un rappel des faits hyper important. Merci beaucoup (c'est parti sur mon blog via le repost...qui fonctionne)<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> caro
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C
Je propose un petit rectificatif : <br /> <br /> &quot;Non, ceux qui alors parlaient au non de la France, la patrie des droits de l'homme, n'étaient du bon côté alors que son peuple agissait contre l'apartheid, pour la libération de Mandela&quot;.<br /> <br /> Mais bon, ça, c'est ma vision vue de mon balcon peut-être est-ce trop optimiste mais je l'ai vécu comme cela (voir &quot;on prend les Paris ?&quot; chez La Canaille).
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L
Peut-être ta vision de ton balcon parisien comme tu dis. Sans jamais minorer l'action contre l'apartheid menée par le PCF et la CGT, il y a eu loin que tout le peuple de France se mobilise pareillement. Peut-être ne peut pas t-on comparer, mais aux législatives de 1976, le PCF obtient 20,6%, 20,6% aux européennes et 19% à la présidentielle de 1981...