Christian Dubost, patron régional de Réseau Ferré de France: "Tout va très bien madame la marquise"
Bon, il y a eu un rail de cassé sur 129 centimètres et 7 trains sont passés dessus avant qu'un cheminot (et un seul) n'arpente les voies en long, en large et en travers pour s'appercevoir de ce trou béant dans le rail.
Le cheminot était parti à 6h 20 pour découvrir un bout de rail brisé en 5 morceaux à 9h 50. Mais à part ça, tout va très bien. On va souder de l'acier, abaisser la vitesse, parfois peut-être jusqu'à 40 km/h. Mais les travaux entre Toulouse et Tarbes, sur une voie datant de 1962, ne débuteront qu'en 2017 et jusqu'en 2023. Ben oui les gars, il faut 300 millions d'euros pour les travaux et l'Elysée a dit niet jusqu'aux prochaines élections présidentielles.
Ci-dessous, la photo du rail cassé et le reportage de FR 3 Midi-Pyrénées (chaîne publique qui fait bien son boulot au contraire des hors-sol journalistiques sur France 2):
INFO FRANCE 3 MIDI-PYRENEES : nous avons pu consulter des documents internes à la SNCF et nous publions pour la première fois une photo du rail brisé en 5 morceaux le 26 novembre à Carbonne. Pas moins de 7 trains sont passés à cet endroit ce matin-là et le rail avait un défaut signalé en 2012.
Le rail qui s'est cassé le 26 novembre à Carbonne (Haute-Garonne), sur la ligne SNCF Toulouse-Tarbes, aurait donc bien pu avoir des conséquences dramatiques. Nous révélons ce matin que 7 trains sont passés ce matin-là à l'endroit de l'incident avant qu'un agent SNCF ne découvre le rail cassé dont 129 centimètres étaient manquant.
La photographie du rail brisé
Nous publions aussi pour la première fois une photographie (ci-dessus) de l'incident où l'on voit parfaitement l'état du rail manquant qui a été réparé depuis.
7 trains avant la découverte de l'incident
Ce 26 novembre, l'alerte est donnée un peu par hasard : à 6h25, un "gong d'annonce" retentit en gare de Carbonne annonçant le passage du train vers Irun. Mais une fois le train passé, le "gong" ne s'arrête pas. Un agent de l'équipement SNCF est alors envoyé sur place, à l'origine donc pour un défaut de signalisation. Seul, il remonte les voies et ne découvre le rail cassé qu'à 9h50. Entre 6h03 et 9h50, selon nos informations, 7 trains seront passés à cet endroit, le dernier étant l'Intercité Toulouse-Bayonne, vers 9 heures. Contactée par France 3, la direction de la SNCF ne conteste pas ce chiffre mais précise qu'il est encore trop tôt à son sens pour que les expertises révèlent à quel moment et au passage de quel train le rail a cassé.
Un morceau de rail de 25 kg retrouvé à 125 mètres !
Ce que les agents SNCF découvrent alors sur place c'est un trou béant dans une ligne de voie (l'un des deux rails) de 129 centimètres : le rail est coupé en 5 morceaux et l'un des morceaux de 40 centimètres de longueur soit 25 kilos environ est retrouvé à 125 mètres de là. Dès l'alerte donnée, la voie 1 a été fermée à la circulation. Les travaux de réparation d'urgence ont permis sa réouverture vers 17 heures.
Le morceau de rail est actuellement analysé dans le laboratoire de la SNCF à Saint-Ouen près de Paris. On ne connaît pas encore les résultats des analyses.
La casse lors du passage du train "la Palombe" ?
D'après nos informations, le rail se serait brisé au passage du train 4053, le train Paris-Irun, appelée "La Palombe" à 6h03. L'inspection du train a en effet révélé que le bas de caisse présente "plusieurs impacts". Plusieurs voitures de l'Intercité Toulouse-Bayonne ont également été abîmées par le passage sur le rail cassé.
Des défauts "dans la norme" relevés... dès 2012
Des trains de maintenance effectuent des contrôles des rails par ultrasons environ tous les deux ans. Le dernier passage dans ce secteur date de juin 2012 : il avait révélé un défaut de "billage" du rail incriminé mais "dans la norme" selon les spécialistes. Pour les non-initiés, il s'agit d'un défaut dans la dureté du rail. Idem pour la nivellement de la voie à cette endroit (contrôle deux fois par an) : le dernier contrôle d'octobre 2013 avait lui-aussi révélé un défaut "dans la norme". La SNCF précise cependant que les voies sont contrôlées de manière "fréquente" : des contrôles visuels qui portent sur la totalité de la voie (ballast, rail, signalisation).
Mesures conservatoires de vitesse réduite
Réseau Ferré de France (RFF) a confirmé la semaine dernière que des travaux seront menés entre 2017 et 2023 sur cette voie datant de 1962, pour un montant de 300 millions d'euros. En attendant, une vérification générale de l'état du rail sera effectuée courant décembre et une mesure de réduction de la vitesse à cet endroit a été prise à 100 km/h au lieu de 140 et même 160 km/h habituellement. Selon un communiqué commun de la SNCF et de RFF publié dimanche 1er décembre, "sans attendre les conclusions de l'expertise, des mesures conservatoires ont été prises au titre du principe de précaution. Elles portent sur des limitations de vitesse sur l'ensemble de la ligne. Ces limitations seront levées au fur et à mesure du résultat des expertises et des travaux correctifs qui seraient à réaliser". Une limitation de la vitesse des trains à 40 km/hest même prévue sur 4 zones (environ 40 kms) de la ligne où les défauts de nivellement de la voie sont les plus importants bien que "dans la norme".
Le précédent de Brétigny
L'information sur la casse de ce rail avait été révélée jeudi par un communiqué de la CGT-Cheminots de Midi-Pyrénées. Le syndicat y faisait référence à l'accident du train Paris-Limoges en gare de Brétigny-sur-Orge le 12 juillet 2013 en raison d'un "éclisse" défaillante sur un aiguillage. Pour les syndicats mais aussi des observateurs extérieurs à la SNCF, on a "frôlé la catastrophe" le 26 novembre dernier sur la ligne Toulouse-Tarbes.
Une grève le 12 décembre contre la réforme ferroviaire
Un droit d'alerte au CHSCT a été déposé dès le 26 novembre par la CGT de la SNCF, pour "la sécurité des usagers et des agents". Une grève, prévue depuis longtemps, aura lieu le 12 décembre contre la réforme ferroviaire.