Le Mans, son stade de foot, l'argent public et Vinci
Autrefois, Le Mans Footbal Club évoluait dans la sphère du fric-roi en Ligue 1, puis en Ligue 2, mais toujours dans la même sphère avec l'espoir de retrouver l'élite footbalistique française. Et le groupe Vinci passa dans la Sarthe, dans la bonne ville du Mans en particulier dont le maire est socialiste.
Coïncidence, à moins que les voix du fric soient impénétrables, la ville eut l'idée de construire un stade. Attention pas un stade de campagne où l'herbe est rase et les vestiaires sont une vieille caravane abandonnée par des Roms partis pour aller se faire rejeter ailleurs. Non, un stade en dur de chez dur, un stade de 20 000 places alors que d'ordinaire on ne réunissait que quelque 8 000 suporters du Le Mans FC. Mais il fallait ce qu'il fallait, avec en plus un complexe hôtelier 3 étoiles et le restaurant panoramique qui va avec. Et aussi un immense parking.
Tout ça tombait bien, puisque le hasard faisant bien les choses, Vinci passait par là et que le maire PS du Mans était partisan d'un partenariat Public-Privé. Et donc, le conseil municipal accepta l'idée et la vota, même les élus du Fg.
Et Vinci devint à la fois banquier-préteur à hauteur de 52 millions d'euros, bâtisseur et propriétaire des lieux qu'il louerait au Le Mans Footbal Club durant 33 ans. Le stade s'appelle le MMAréna.
Or patatras, ô rage ô désespoir pour les vrais sportifs, Le Mans FC se casse la gueule, sportivement et surtout financièrement: déficit de 7,5 millions d'euros en décembre 2012 et quasi cessation de paiement.
Le club est rétrogradé en honneur, puis repêché à l'étage au-dessus en CFA. Finalement, la FFF reporte tous ses matchs à titre conservatoire, en attendant la liquidation judiciaire qui sera annoncée par le Tribunal de commerce du Mans le 15 octobre prochain.
Les Manceaux risquent une dette de 500 euros par contribuable au profit de VINCI, car la ville lui doit un minimum de 47 millions d'euros. Ben oui, l'argent public (mis dans le partenariat public-privé) reste aussi à éponger.
Le Mans FC, c'est l'histoire d'un club passé en l'espace de quelques saisons du statut de prétendant à l'Europe à celui de relégué en National. C'est l'histoire d'un club qui a cru à l'économie du marché, autrement dit au capitalisme. "Une suite somme toute logique pour un club qui s'est transformé en grenouille qui voulait devenir aussi grosse que le boeuf", écrit Ouest-France qu'on ne peut pas taxer de gauchiste.
Avec aussi de lourdes conséquences pour 300 emplois directs ou indirects (salariés du club et des prestataires), plus la société de sécurité et ses 100 agents à chaque match.