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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

J'ai écrit que la palme d'or 2013 du festival du cinéma de Cannes était dans l'air du temps: la passion filmée entre deux jeunes filles était un pied de nez à toute cette frange réunie derrière le cliquetis des encensoirs, la fureur des anathèmes et les coups de poing (sinon plus) contre le mariage pour tous et la longue marche pour l'égalité des droits pour tous.

Une de mes lectrices, si elle soutient mes propos, évoque aussi la polémique autour de ce film par rapport au travail effectué par les techniciens. C'est ma faute, ma très grande faute, dans mon enthousiasme, j'étais passé à côté d'un article de mon pote Canaille le Rouge à ce sujet. Dont acte et le voici:

http://www.francetv.fr/culturebox/sites/default/files/styles/article_view_full_main_image/public/assets/images/2012/12/palme0.jpg

 

 

Canaille le Rouge est comme la quasi totalité d'entre vous, il n'a pas vu le film qui a reçu la palme d'or à Cannes (par ailleurs un cru 2013 qui fera référence tant pour la qualité des primés que pour la façon dont sélectionneurs et jury ont construit le millésime).

 

Comme certainement le plus grand nombre de ceux qui liront cette p@ge, il se réjoui du choix, du thème du film, des déclarations de ceux qui ont accès aux projecteurs et micro pour le défendre.

 

Le pied de nez magistral du jury de Cannes aux cloportes processionnaires de ce dimanche avec la Palme d'Or en rajoute à la satisfaction.

 

Pour autant, concernant le film Lauréat, pas question de masquer la polémique qui sévit autour des conditions de réalisation.

 

Les tensions inhérentes au montage d'une œuvre culturelle ne peuvent se résoudre en prenant les conditions de travail comme variables uniques d'ajustement en reportant le poids sur les soutiers.

 

Les faits tel que rapportés par les journaux :

 

"Nous devrions, a priori, nous réjouir (...) Hélas, et indépendamment de la qualité artistique du film, nous ne pourrons pas participer de cet enthousiasme : nos collègues ayant travaillé sur ce film nous ont rapporté des faits révoltants et inacceptables. La majorité d'entre eux, initialement motivés, à la fois par leur métier et le projet du film en sont revenus écœurés, voire déprimés", lit-on. Certains ont abandonné "en cours de route""soit parce qu'ils étaient exténués, soit qu'ils étaient poussés à bout par la production, ou usés moralement par des comportements qui dans d'autres secteurs d'activités relèveraient sans ambiguïté du harcèlement moral".

 

Le Spiac-CGT évoque des "journées de travail de 16 heures, déclarés 8". Sur certains postes, il y aurait eu des "journées de travail de 11 heures, payées 100 € bruts, alors que 100 € nets avaient été promis". Sont pointés, aussi, des "horaires de travail anarchiques ou modifiés au dernier moment", avec "convocation par téléphone pendant les jours de repos ou pendant la nuit, modification du plan de travail au jour le jour""Les gens ne savaient pas le vendredi soir s'ils allaient travailler ou non le samedi et le dimanche suivant".

 

Toute la presse bien pensante, celle dont les journalistes se rencontrent plus du côté des buffets fastueux de Cannes ou des avant-premières que dans les salles de quartiers (quand il en reste), s'en prend une fois de plus à la CGT et son combat pour la convention collective.

 

Notons au passage que ceux qui mènent le combat contre la convention collective dans le cinéma ne sont pas installés dans la précarité et sont plus SDF façon Carlton que façon bords du périph ou sont, du coté des producteurs (1 organisation sur 7 et minoritaire)-nouveauté, syndiqué au Medef qui comme le rappel l'adresse des réalisateurs, dans la discussion sur le chômage est le fer de lance de la lutte contre l'intermittence.

 

En syndicaliste rigoureux, les signataires mettent leurs collègues devant leurs responsabilités : accepteront-ils de se mettre hors la loi et ce qui reste du code du travail, au coté du Medef dans ce moment où celui-ci cogne sur toutes les garanties sociales avec les complicités sociales et gouvernementales que nous connaissons.

 

Que cela sorte au moment de Cannes est une bonne chose. Sans la CGT et son engagement contre le plan Blum Burnes en 1945-47 (déclinaison culturelle du plan Marshall combattu par le PCF, la CGT et les gaullistes avec l'ensemble des professions culturelles, plébiscité par les autres forces toutes alliées au capital), Cannes n'aurait jamais vu le jour, il n'y aurait jamais eu d'industrie du cinéma. Ce n'est pas de la propagande, mais que le simple rappel de faits historiques incontestables.

 

http://www.cannes.com/_resources-images/Images/Culture/Cin%25C3%25A9ma/Le%2520Festival%2520et%2520ses%2520palais/1949_Palais_Croisette%25C2%25A9traverso_630x630.jpg

Le Palais du Festival - Palais Croisette -* 

 

Sans la CGT et le parti communiste d'alors, il n'y aurait jamais eu cette exceptionnalité culturelle que Spielberg, Président du Jury 2013, a tenu a saluer comme un point d'appuis pour tout le cinéma mondial.

 

Une lutte qui produit par des résistances au capital cette exceptionnalité inventé et porté par tous les syndicats CGT de la Profession qui outre l'avance sur recette, l'aide aux jeunes réalisateurs, Cannes que les majors de la branche s'activent à considérer comme leur vitrine coffre fort. 

 

De la construction militante du premier palais du Festival à la lutte pour la défense des studios de production, l'organisation sociale de la profession du cinéma comme toute industrie est traversée par la lutte de classe. La Canaille espère que les 70 ans du festival (qui ne sera pas sa 70ème édition) sera l'occasion de remettre dans la continuité des 70 ans du Conseil National de la Résistance, de la Libération et des ordonnances qui créeront le cadre de cette exception seront portés par qui il se doit comme il se doit.

 

http://1.bp.blogspot.com/-zXB9F733Wz8/TzRObWHq9BI/AAAAAAAABZc/5-V7w7Ab3GI/s1600/DSCN0003.JPG

 

Que le talentueux réalisateur lauréat de la palme 2013 soit sous le feux de la critique sociale pour des pratiques contraire aux valeurs qu'il a porté jusqu'en haut des marches démontre si besoin est la réalité de cet affrontement de classe.

 

Pour reprendre une de ces formules qui revient souvent dans ces p@ges, formule célèbre d'Elsa Triolet "les barricades n'ont que deux cotés" et en y ajoutant la phrase manifeste d'Aragon "j'ai choisi mon camp". La canaille n'aura pas l'inconséquence de demander aux producteur où ils se situent. Par contre, réalisateurs et salariés de la profession, vous qui par ailleurs savez vous enthousiasmer pour les luttes sociales au point d'en faire des sujets de créations, avez vous remarqué qu'en 95 et au delà (pour ne prendre que la dernière période) qui a porté les luttes qui vous permettent même dans des conditions moins favorable dues à l'acharnement patronal, de poursuivre votre travail?

 

Les syndicats CGT du spectacle, avec mesures mais fermeté, vous le rappellent.

 

Avec sa vigueur coutumière et moins diplomatique La Canaille interpelle : si les barricades n'ont que deux côtés, vous qui dites portez les valeurs du cinéma français, choisissez votre camp !

 

 

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