CGT PSA Aulnay n° 17
Lettre d'information n°17
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07/06/2013
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A LA UNE
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Vendredi 17 mai, la CGT et la CFDT ont donc signé un protocole de fin de grève. Mais le combat continue.
Quatre mois de grève : un premier bilanEn juillet 2012, après un an de dénégations mensongères, la direction avait annoncé 8000 suppressions d’emplois – en fait 11 200 – et la fermeture de l’usine d’Aulnay. Elle escomptait licencier avec un plan social (PSE) « low cost » : des mutations trop peu nombreuses et sans garanties ; seulement 300 possibilités de reclassements, et avec une forte sélection ; et pour les autres, une indemnité de six mois de salaire et un aller simple pour Pôle Emploi !
De juillet 2012 à janvier 2013, les salariés ont exprimé leur opposition au PSE par une série de mobilisations : débrayages, pétition de 10000 salariés, manifestations ; la direction a fait la sourde oreille. C’est ce blocage qui a conduit au démarrage de la grève à l’usine d’Aulnay, le 16 janvier dernier, alors que la direction organisait le transfert de la production de C3 vers l’usine de Poissy. Cette grève lui a fait peur : le 18 janvier, elle fermait l’usine pour une semaine, embauchait 100 vigiles, faisait venir plusieurs centaines de cadres PSA pour s’opposer aux salariés en lutte, et des huissiers de justice à demeure à l’usine. Elle menait une campagne de calomnies et engageait plusieurs procédures de licenciement pour « faute lourde » (en réalité, pour fait de grève). Mais les grévistes ne se sont pas laissés impressionner.
Une grève active, démocratique et populaireActive : les quelques centaines de grévistes n’ont cessé d’harceler PSA, le patronat et le gouvernement. Ils ont enchaîné les manifestations, seuls ou avec d’autres travailleurs (Goodyear, Virgin, Presstalis…) et les visites à d’autres usines (PSA St Ouen, PSA Poissy, Renault Flins, Renault Cléon, Lear, Geodis, Faurecia, Air France, etc.). Ils ont aussi multiplié les actions, annoncées ou « surprise », en direction de PSA, du patronat (MEDEF, UIMM) et du gouvernement, tous furieux d’être ainsi contestés.
Démocratique : les militants de la CGT ont tenu à ce que toutes les décisions soient discutées avec les salariés, et votées en Assemblées Générales quotidiennes. Un comité de grève a réuni régulièrement syndiqués et non-syndiqués, pour débattre de tout, depuis les sandwichs et les repas jusqu’aux collectes, en passant par le service d’ordre, les actions à mener, et les innombrables problèmes posés par la grève.
Populaire : les grévistes se sont adressés à l’ensemble des travailleurs du pays, pour l’interdiction des licenciements. Ils ont financé leur grève en recueillant, grâce à la solidarité de dizaines de milliers de travailleurs, 870 000 euros qui leur ont permis de tenir. A tous, merci !
Le « plan social » est revuLa grève a conduit la direction à revoir le plan social à la hausse (cf. communiqué du 17 mai). Le protocole de fin de grève signé le 17 mai prévoyait par ailleurs l’amnistie totale et la garantie de l’absence de discrimination pour les grévistes ; divers paiements qui atténuent les pertes financières de la grève ; enfin, une indemnité forfaitaire de 20 000 euros pour ceux qui choisissaient de partir au 31 mai 2013. Pour un gréviste ayant 10 ans d’ancienneté et un salaire brut mensuel de 2000 €, ces 20 000 € s’ajoutent aux 40 000 € prévus par le PSE, soit un total de 60 000 €.
A Aulnay, une brèche a été ouverteDans les jours qui ont suivi le 17 mai, de nombreux salariés non-grévistes ont réclamé de bénéficier de l’indemnité forfaitaire de 20 000 euros comprise dans le protocole de fin de grève. Le 29 mai, le DRH de PSA Philippe Dorge – qui expliquait naguère aux médias que les grévistes n’avaient rien gagné…– annonçait que cette indemnité serait accordée à tous les salariés d’Aulnay choisissant de quitter PSA au 4 juin (et non lors de la fermeture de l’usine le 31 décembre). En deux jours, 850 salariés, soit la majorité des salariés encore présents dont des chefs d'équipe, postulaient. Complètement dépassée, et voulant décourager les volontaires, la direction ajoutait alors des conditions drastiques au départ anticipé : la présentation, dans les 8 jours, d’un CDI, d’un CDD ou d’un contrat d’intérim. Remontés contre cette volte-face, 250 des travailleurs ont participé à une réunion organisée par la CGT, le 4 juin, avant de manifester pour accompagner une délégation réclamant la suppression des conditions drastiques au départ anticipé. L’enjeu est important, par exemple pour des « anciens » dont certains verraient leur indemnité passer de 45 000 à 110 000 euros. Autrement dit, la direction s’est faite en quelques jours plusieurs centaines de nouveaux ennemis !
Prochaine assemblée générale lundi 10 juin où toute l'usine se retrouve en une équipe.
PSA engage une nouvelle attaqueA peine le PSE voté, la direction de PSA a annoncé la fermeture d’un autre site, à Meudon (Hauts-de-Seine), avec 660 salariés et 140 prestataires. Et elle a convoqué les syndicats, le 29 mai, pour une première réunion visant à faire adopter un plan « de compétitivité », c’est-à-dire : une augmentation du temps de travail ; le blocage ou la baisse des salaires ; la mobilité contrainte d’un site à l’autre.
En conclusion…La direction de PSA va sûrement réussir à fermer l'usine d'Aulnay mais elle n'aura pas atteint son objectif : la fermer comme on jette un kleenex, en écrasant les salariés. Le pire pour les militants ouvriers et les salariés, au-delà du groupe PSA, aurait été cette fermeture se fasse sans aucune réaction collective de la part des salariés. Cela aurait été une défaite morale. Le fait d'avoir eu le courage d'avoir relevé la tête, d'avoir su la garder haute jusqu'au bout est déjà une victoire en soi. Les salariés ont fait la démonstration qu'organisés et déterminés ils peuvent résister et réussir à ne pas se faire écraser. Cette grève peut servir à tout le monde de point d'appui contre le fatalisme.
Cette lettre d’information risque d’être désormais moins fréquente, même si nous ne manquerons pas de vous tenir informés. Une partie des grévistes ont déjà quitté PSA, et d’autres attendent des mutations vers d’autres sites du groupe (Poissy, Saint-Ouen, Mulhouse…), voire des reclassements dans d’autres entreprises.
Tous les grévistes ont été transformés par ces quatre mois de grève. Ils en sortent plus conscients et plus unis. Unis par la fraternité créée par la lutte, ils ont noué des liens qui demeureront. Ils gardent la grande fierté d’avoir combattu pied à pied pour défendre leur salaire et leur emploi. Et sont bien décidés à continuer le combat, contre les rapaces de la famille Peugeot ou d’autres capitalistes.
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