Sujets du billet vert: Non!
Ce dimanche, toujours ces rengaines, soi-disant contre la crise de la zone euro: d'un côté, une Europe fédérale, de l'autre, la "règle d'or" dans les traités européens, sur-le-champ pour l'Elysée, après les présidentielles pour le parti à la rose. Mais d'un bord comme de l'autre, quid de notre souveraineté nationale? Du moins ce qu'il en reste, depuis que la France a abandonné son pouvoir monétaire à la BCE et au marché.
Aux lendemains de la Libération, la Constitution de 1946 ne consentait à limiter la souveraineté nationale que pour "l'organisation et la défense de la Paix"; dire que cette 4e constitution de la République était la panacée, surtout pas. Mais à cette époque, après l'occupation de la France par les nazis et la collaboration du gouvernement Pétain qui l'aggrava, la Résistance, appelée à reconstruire notre pays sur un champ de ruines, avait une noble idée de notre souveraineté nationale.
Certes, aujourd'hui, aucune force étrangère n'envahit le sol sacré de la patrie et comparaison n'est pas raison. Pour autant, l'accord Merkozy ne rabaisse-t-il pas, plus encore, la France sous le joug exigé par les marchés financiers? Et cette Europe fédérale, agitée comme un nouveau drapeau, que serait-elle si, au sein de chaque nation, on ne s'attaque pas en priorité au capitalisme facteur d'inégalités et d'injustices sociales?
Pendant que tournent ces miroirs aux alouettes, le marché poursuit son entrée dans l'économie européenne, avec l'appétit du loup dans une bergerie.
La banque américaine Goldman-Sachs, pour ne pas la citer. Fondée en 1869, elle était déjà à l'oeuvre lors du Krach boursier de Wall Street de 1929, crise qui fut l'un des germes de la Deuxième Guerre mondiale. Spécialiste aujourd'hui dans la fabrication des bulles spéculatives, son chiffre d'affaires est de 32 milliards d'euros en 2010 pour un bénéfice net de 8, 35 milliards d'euros. Elle a été poursuivie par le gendarme de la Bourse US (C'est dire). Elle a lâché 392 millions d'euros au gouvernement pour stopper la procédure judiciaire: au pays du dollar roi, les bons comptes font toujours les bons amis.
Et en Europe?
L'Union européenne et Nicolas Sarkozy (qui ne fut pas le dernier) ont chaleureusement félicité les hommes nouveaux nommés à la BCE ou comme dirigeants de la Grèce et de l'Italie. Mais qui sont ces chevaliers blancs?
- Mario Drachi, gouverneur de la BCE. Chargé de privatiser l'économie italienne de 1991 à 2001. Vice-président ensuite de Goldman-Sachs pour sa branche européenne. Puis gouverneur de la Banque centrale italienne en 2006.
- Mario Monti, Premier ministre italien. Ex-Commissaire européen à la Concurrence (libre et non faussée), puis conseiller international de la Goldman-Sachs jusqu'à sa nomination comme chef du gouvernement de l'Italie.
- Petros Christodoulo, Directeur général de l'Agence publique de la dette grecque (Cela ne s'invente pas). Ancien du Crédit suisse, de la Goldman-Sachs et de la City de Londres (Un bon CV). A partir de 1991, en première ligne pour négocier des contrats entre la Grèce (son pays natal) et la Goldman-Sachs.
- Lucas Papademos, Premier ministre de la Grèce. Gouverneur de la Banque centrale grecque de 1994 à 2002, période durant laquelle Goldman-Sachs maquille les comptes publics pour faire entre le pays dans la zone euro (Tiens notre brave soldat euro!), laquelle banque, pour ses bons offices, empoche la bagatelle de plusieurs centaines de millions d'euros.
Des hommes nouveaux ou les chevaux de Troie du marché, pour que nous soyons, toujours plus, les sujets du capitalisme international. Ayons plutôt la volonté d'être des citoyens responsables devant la crise et ceux qui la perpétuent ou ne veulent pas la combattre. Et en avant pour notre souveraineté nationale et pour des lendemains qui chantent en France, mais aussi partout ailleurs.
Que le peuple souverain s'avance...