Réforme bancaire:un pistolet à bouchon
Rappelez-vous: la finance était l'ennemie du candidat François Hollande. Et la réforme bancaire, l'un des réformes prévues dans son quinquennat, vous alliez voir ce que vous alliez voir. l'Elysée socialiste allait réguler le secteur financier en imposant des règles drastiques aux banques françaises. On séparerait la spéculation des activités utiles à l'économie et aux ménages. Avec le parti à la rose, plus de crise financière à l'horizon...
Et bien, rien de tout cela, les banques peuvent dormir sur leurs deux oreilles et poursuivre à entretenir des filiales dans des paradis fiscaux. A Partir du 12 février, le projet de loi discuté au Parlement est comme la montagne accouchant d'une souris. Ce n'est pas moi qui l'annonce, mais Karine Berger, députée PS et rapporteur du projet de loi: lors de leur audition par la commission des Finances à l'Assemblée nationale, le Crédit agricole, la Société générale ou la BNP ont admis ne pas être "spécialement gênés par cette loi". C'est dire le joug qu'ils vont subir...
D'ailleurs, Thierry Mandon, l'un des porte-parole des députés PS, dans Le Monde, dit que «les amendements acceptés resteront cosmétiques. (.. )Il n’y aura pas de psychodrame. (…) On n’a pas la volonté de charger la barque des banques ». Voilà, l'affaire est entendue.
Oui, cette prodigieuse réforme ne va s'attaquer qu'à 1% des activités bancaires et dans le projet de loi, pas de séparation mais une filialisation. C'est à dire le statu quo, puisque les banquiers français procèdent ainsi. Et ce chiffre de 1% provient de l'aveu lâché par le boss de la Société générale en personne, lors de son audition devant la dite commission des Finances.
Ah, si, une avancée selon un amendement socialo-écolo voté en commission des Finances: les banques devront publier chaque année la liste de leurs filiales hors de la France, avec effectifs et chiffres d’affaires. Mais pourquoi ne pas les avoir obligées à publier le montant des profits réalisés par chaque filiale ou celui des impôts payés à l'extérieur de nos frontières ? Vous avez dit paradis fiscaux?
Pierre Moscovici, ministre de l’Economie et des Finances, est donc bien le ministre des banques et pas celui de leurs petits clients. En novembre dernier, il l'avait dit tout cru devant l'AMF (Autorité des marchés financiers): « Mon rôle (…) n’est pas de déstabiliser le secteur dont j’ai la charge (...) Cette réforme est faite dans l’intérêt même du secteur financier, dans l’intérêt de sa protection, dans l’intérêt de son image, dans l’intérêt également de cette réconciliation que je souhaite entre les banques et les Français. »
Voilà, tout est dit. Allez, on passe à une autre promesse du candidat Hollande?