Mourir pour Kaboul?
Et son régime corrompu dont les pouvoirs ne dépassent guère cette seule ville? Ou pour rien dans cette guerre d'Afghanistan, dont nous avons pourtant sonné le glas et à laquelle on s'accroche pour faire plaisir à notre suzerain, les USA?
82 de nos compatriotes tués, des milliards d'euros engloutis. Le budget américain accorde 119 milliards de dollars pour cette guerre, en 2011, pour 14,7 milliards en 2003. Il est défunt le temps où la France était accueillie en libératrice par les populations civiles afghanes, notamment les femmes sous leur burkas, et leurs filles, qui espéraient un peu de liberté et d'égalité.
Il n'en a rien été. La présence militaire occidentale s'est toujours accrue chaque année davantage au détriment de l'aide humanitaire. Sous le signe de l'OTAN, organisation militariste régentant la planète, ne s'est exercée que la pérennisation d'une domination géopolitique et économique autour des USA. Jamais pour le bien du peuple Afghan.
A coups de tapis de bombes, de drônes armés, les Américains ont certes exterminé des insurgés talibans. Mais des milliers de simples civils, hommes et femmes, enfants ou vieillards ont été aussi assassinés sous leurs coups mortels. Et combien d'autres bavures vont être perpétrées? Combien d'autres villages seront bombardés par erreur?
Les honneurs militaires ont été rendus à nos 4 derniers soldats français tués en Afghanistan. Leurs cercueils ont été embarqués à bord de l'avion du ministre de la Défense. Mais les treillis de notre armée demeurent dans ce pays. Et nos actes humanitaires ne peuvent plus masquer les armes d'une troupe étrangère. Un rapport secret de l'Isaf (Force internationale d'assistance et de sécurité), publié en mai 2011, recense 58 soldats de l'OTAN tués par des membres des forces de sécurité afghanes depuis 2007, dont près de la moitié durant les premiers mois de l'année dernière. Ce chiffre s'alourdit avec les pertes de l'armée française. Plutôt qu'une infiltration talibane, le rapport préfère évoquer "une crise de confiance et d'incompatibilité culturelle entre les militaires locaux et les soldats de l'OTAN". Le JDD cite que "les forces françaises insultent les soldats afghans et que parfois, elles entrent avec leurs chiens dans les mosquées".
On ne doit plus rester jusqu'à ce qu'on gagne!
Pascal Boniface, Directeur de l'IRIS (Insitut de relations internationales et stratégiques), disait déjà fin 2010: "La France n'a jamais subi de pertes aussi grandes que cette année. Dire que c'est parce que nous sommes en train de gagner que les talibans en sont réduits à des stratégies de désespoir est une explication un peu courte. On ne peut pas gagner cette guerre. "