Interview presque imaginaire de Pierre Moscovici
Pierre Moscovici, notre ministre des Finances, était présent vendredi à Bruxelles à la réunion de l'Eurogroupe, ces états de l'UE avec l'euro comme monnaie commune.
Pourquoi avoir pris la décision de taxer les épargnants, les retraités et les salariés de Chypre dans la nuit de vendredi à samedi? Pour faire une bonne blague?
Non, ce n'était que pour empêcher que le peuple de Chypre vide ses comptes bancaires et partent les placer en Suisse qui n'est pas dans l'UE et que nous ne pouvons pas taxer.
Cette idée de taxer le menu peuple qui n'a jamais spéculé comme les financiers et les banques installées à Chypre fut une position unanime au sein de l'Eurogroupe?
Secret défense au nom de la concurrence libre et non faussée.
Ceci dit, je viens de me déguiser en Robin des bois pour les Chypriotes et je demande un allègement pour les petits de ce pays.
Vous savez, je suis un modérateur en ce qui concerne les finances. Regardez la France, est-ce que je ne fais rien pour le pouvoir d'achat du peuple?
Monsieur le ministre des Finances, avant-hier, l'euro devait conduire à une Europe de justice et de progrès social. Hier, François Hollande, en faisant avaliser le pacte Merkozy, affirmait que c'était un plus dans ce sens. Qu'en pensez-vous?
Là aussi, je suis bloqué par le secret défense de la concurrence libre et non faussée. C'est embêtant notre job à nous, grands de ce monde, nous ne pouvons pas tout dire, ce serait mal interprété.
Bon vous allez taxer les Chypriotes et privatiser les services publics qui ne sont pas déficitaires. Après Chypre, qui dans l'UE?
Dring, dring! (le portable de Moscovici sonne, j'ai cru reconnaître l'Internationale, mais sans doute me-suis-je trompé). Excusez-moi, c'est le FMI et Bruxelles qui me bigophonent. Je dois y aller. Vous me rappellerez votre question la prochaine fois pour que j'y réponde. Mais avant que je décanille, la finance, c'est notre seul et unique ennemi à François de l'Elysée et à moi-même.