Il n'y a pas deux Europes
Que ne lit-on pas ou n'entend-t-on pas, ces derniers jours, sur l'existence de deux Europes suite au refus britannique d'avaliser le diktat de la droite allemande.
Nicolas Sarkozy y va même de son grain de sel dans le journal Le Monde. Selon lui, il existe désormais une Europe qui veut "davantage de solidarité et de régulation" et l'autre, "qui s'attache à la seule logique du marché unique", sous-entendu ces salopards de Britishs.
C'est un peu fort de café! En effet, la "seule logique du marché unique", imputée par le président des riches uniquement à la Grande-Bretagne, n'est-elle pas le socle commun actuel de l'Union européenne, de toute l'Union européenne, Grande-Bretagne comprise? La libre-circulation des capitaux et la spéculation, la concurrence libre et non faussée ne sont-elles pas toujours les dogmes de tous les états membres de l'Union européenne? Et cette logique du marché unique ne détruit-elle pas partout les industries, ne force-t-elle pas partout à la délocalisation, n'ouvre-t-elle pas grandes ses frontières aux produits du dehors, ce qui jette, aussi partout en Europe, des salariés sur le carreau du chômage ou de la précarité?
Le marché unique fut renforcé par le traité de Lisbonne. Celui-ci a été avalisé par toute l'Union européenne, Grande-Bretagne incluse, et que les gouvernements des états membres fussent de droite ou socialistes. La France l'a ratifié à plus des 3/5 du Parlement. Seuls les députés du groupe communiste et républicains ont voté contre. Jack Lang, député PS, a voté avec la droite, tandis que le groupe socialiste s'est abstenu. Quant au Fn, rien à cette époque sur une perte de notre souveraineté nationale.
Il n'existe donc pas deux Europes, mais une Europe unique, celle des marchés financiers et de la spéculation. Et c'est une imposture de prétendre le contraire!
Car, sur l'Europe prétendument de solidarité et de régulation, signée dernièrement à Bruxelles et dont se glorifie Nicolas Sarkozy, allons plus loin, la Grande-Bretagne avec sa City, cheval de Troie du dollar US en Europe, faisant semble-t-il bande à part. Remettons en cause la dictature du billet vert dans les relations commerciales. Puisqu'on reste entre nous, jugulons les paradis fiscaux, en commençant par ceux établis sur le territoire britannique. Et bien non, silence complet à ce sujet d'Angela Merkel et de son porte-flingue.
Oui, en vérité, l'accord de Bruxelles n'entérine pas deux Europes au sens d'objectifs différents. Le capitalisme qui la gouverne demeure. Et la Grande-Bretagne, qui n'était pas dans la zone euro, n'y est pas plus. Pour le reste, l'euro, la monnaie unique, est aligné sur l'ancien mark allemand.
Il ne faut donc pas se bercer de la moindre illusion. Surtout, les modifications ordonnées par Angela Merkel aux traités européens, imprimées avec la faiblesse de Nicolas Sarkozy, vont rajouter de la crise à la crise et défaire, plus encore, la souveraineté nationale de la France.
François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle (qui ne s'occupe pas des affaires internes du PS qui puent) ne remet pas en cause cette "union monétaire". Il vient de déclarer que "tous les États doivent faire des efforts pour que leurs comptes soient redressés et examinés".
C'est hélas, mot pour mot, ce qu'a décidé la chancelière d'Allemagne, avec le soutien du locataire actuel de l'Elysée.
Bonnet blanc et blanc bonnet, aurait pu dire encore Jacques Duclos.