Chemins de faire
La cloche d'airain
Les bras de la nuit bercent notre vieille sève
Dans une coquille où le rivage est absent.
Mais un jour orangé, la semence du rêve
Deviendra la moisson du réel turgescent.
Partout, même dans le jardin de l'impossible,
Avec ceux qui ont soif de matins souverains,
Nous irons décrocher la gerbe inaccessible
Et dans ce feu forger une cloche d'airain.
Elle retentira à travers tous les âges,
Coloriant d'arc-en-ciel les mornes saisons.
Nous étions le silence, nous serons la rage
Pour désenchaîner les lèvres de l'horizon.
Resteront encor des peaux de la vieille chose,
La fausse rosée et la bave des chiens fous.
Et d'aucuns prendront l'églantier pour une rose
En regardant derrière. Mais le voudrez-vous?