Allocution du roi élu des Gaulois
coq made in Gaule, espèce non protégée contre la concurrence libre et non faussée
Mes chers compatriotes
L'année 2011 a été une année horribilis pour vous, comme l'aurait dit ma cousine Elizabeth d'outre Manche. Mais 2012, la main sur le coeur, là ou se tient mon portefeuille, je vous jure que cela sera pire encore. Il faut ce qu'il faut pour sauver l'euro et les marchés financiers.
Aussi, dès ce premier janvier, les effets des plans de rigueur vont se faire sentir: augmentation de l'alimentation, des travaux, de la santé et des transports; augmentation aussi des tarifs de l'énergie, pour faire plaisir à mes potes du CAC 40; blocage des allocations familiales à 1% seulement parce que je suis chrétien et quelques piécettes pour le SMIC pour ne pas alourdir les charges du patronat.
Pour autant, cela ne sera pas suffisant. J'ai donc sollicité mes copains les patrons afin qu'ils taillent à la hussarde dans leurs effectifs et qu'il placent leurs profits chez les Helvètes. Dans ce pays, personne ne trouve à redire de gagner du pognon à la sueur des autres et de le soustraire au fisc: un vrai paradis, je vous le dis. Côté emploi toujours, j'ai donné quitus à mon frangin Olivier au sujet de la fermeture de Pétroplus à Petit-Couronne, en Seine-Maritime. Et j'attends les objectifs de mes copines Christine (du FMI) et d'Angela (du pays des Germains) pour les appliquer illico presto à la Gaule et casser plus encore la baraque. Ce sont peut-être des femmes, mais elles, au moins, ont des couilles pour la gloire du capitalisme, notre Seigneur suprême.
J'en appelle aussi à l'union des tribus gauloises, celle de François du Béarn et celle d'un autre François du Limousin, comme celle du clan de Marine qui, comme moi, loge dans les beaux quartiers. Vous ne comprendriez pas qu'ils ne se rallient pas à mon panache plus blanc que blanc. Il faut absolument prendre exemple chez les Grecs. Ils sont tous unis; dès ce premier janvier 2012, ils bradent leurs services publics à la concurrence libre et non faussée, gage du renforcement du capitalisme.
Mes chers compatriotes, le capitalisme, il n'y a que cela de vrai. Je vais d'ailleurs casser une graine avec mes camarades de ce club très fermé dans un lieu que l'on appellera le Fouquet's, plus tard. Hélas, notre bon ami Ziad Takieddine sera absent à ces agapes fraternelles. Il a pris un coup de froid sur la frontière helvétique et garde la chambre, en attendant une place à la Santé pour se faire mieux soigner. Ah, au nom de vous tous, mes chers compatriotes, j'ai offert une boite de chocolat à notre camarade Renaud Donnedieu de Vabres; il sera lui aussi absent de notre banquet. Des méchants lui cherchent des poux dans la tête et cela lui donne de la migraine. Va falloir que je les raccourcisse derechef ces empêcheurs de faire du fric.
Ah, une dernière chose: au printemps 2012, ne perdez pas votre temps à déposer une bulletin de papier dans une urne: c'est ringard et cela ne sert à rien. Restez plutôt chez vous. J'ai demandé à mon amie TF1 de vous concocter ce jour-là un programme télé à péter de plaisir dans des draps en soie: c'est la grande roue de la Fortune, à qui joue perd toujours, mais qu'est-ce qu'on se marre bien.
Voilà, mes chers compatriotes, ce que j'avais à vous dire pour cette nouvelle année.