A propos de la charte de la laïcité
En présence de trois ministres, du président de l’Assemblée nationale, de celui du Conseil économique, social et environnemental et de personnalités comme Robert Badinter, la publication de la charte de la laïcité, le 9 septembre, est traitée par le gouvernement comme un événement politique majeur. Qu'en est-il vraiment? Le débat est ouvert.
Pour l'heure, deux expressions à ce sujet, celle du Parti de gauche et celle du Parti communiste:
Ainsi une charte de la laïcité va être affichée dans les établissements scolaires. Le rappel des lois et des règles communes sont certes importantes et des points d’appui pour les personnels pour le vivre ensemble à l’école. Mais est ce à cela que se résume le rôle d’un ministre de l’Education Nationale ?
La laïcité n’est pas une valeur qui se proclame c’est un concept qui se décline concrètement, par des prises de décisions courageuses.
Il ne suffit de demander aux personnels de l’éducation comme aux élèves une bonne conduite, il faut aussi donner l’exemple :
Par exemple, l’abrogation de la loi Carle se fait toujours attendre.
Par exemple, il faut rétablir la gratuité de l’éducation pour en sortir toutes les mannes marchandes, contrairement aux choix fait avec la mise en place des rythmes scolaires qui taille la part belle aux structures privées.
Par exemple, il faut à l’instar des collectifs anti pubs relayer les campagne de lutte contre l’offensive des marques à l’école. Par exemple encore, il faut faire sien le principe fonds publics à école publique afin de récupérer les 18,7% du budget de l’éducation nationale qui part chaque année dans les écoles privées, à 94% confessionnelles.
Pour le parti de gauche, la laïcité n’est pas un gadget qu’on agite pour faire oublier les conditions déplorables de la rentrée scolaire ni les dérives du Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. La laïcité est l’unique garant de la République française et de l’égalité. Allez, élève Peillon, il faut se mettre réellement au travail.
Magali ESCOT, responsable nationale éducation PG
La Charte de la laïcité présentée aujourd’hui par le ministre de l’Education nationale a le mérite de rompre avec l’escalade permanente de ces dernières années. On pourra discuter la légitimité de ce texte mais il semble viser un objectif d’apaisement que nous partageons.
Dans ses rappels au droit notamment, il reste marqué par les décisions de la période précédente, qui résultaient d’une suspicion exacerbée à l’égard des convictions religieuses et notamment musulmanes, qui ont été violemment stigmatisées sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy.
Prise comme une contribution, elle peut aider à construire une démarche beaucoup plus partagée autour du principe de laïcité, mais n’aura des effets qu’à condition d’ouvrir la réflexion et la construction du vivre ensemble au sein des établissements. Pour que l’école transmette une culture commune à toute une génération, permettant aux adultes de demain de vivre ensemble dans le partage des différences, il est urgent de lui donner les moyens de faire réussir tous les enfants.
Espérons que cette charte ne sera pas un geste creux, mais un premier pas dans la construction d’une école qui respecte tous les enfants et ne laisse personne sur le bord du chemin. Espérons que ce geste ne sera pas immédiatement annihilé par la concrétisation de tentations exprimées autour de l’interdiction des signes religieux dans les entreprises privées ou à l’Université.
La laïcité n’est pas un problème, mais une solution, un principe émancipateur qui gagne à être connu et surtout mis en oeuvre. Il appelle une plus grande ambition : un nouvel essor de l’égalité et de la démocratie. Et un nouvel essor du service public d’éducation nationale, qui pour l’heure, n’est pas encore au rendez-vous.
Pierre Dharréville, Responsable de la commission « Démocratie » au PCF