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Je suis né nulle part: ça vous gratouille ou ça vous chatouille?
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Je suis un citoyen du monde et donc toujours du côté de l'un de mes frères opprimé sur la terre. En fait, je suis natif de Narbonne, 11e département de la France des droits universels de l'homme.
Mais je suis né d'Antoinette Casas-Faneca -ah, c'est pas beaucoup français, ça- et de René Colombier-Péronne -ah, c'est beaucoup mieux, mais pas encore entièrement françois, comme on disait autrefois-.
Quant à mes origines, aussi loin de mes recherches généalogiques, mes ancêtres furent des journaliers agricoles et analphabètes jusqu'à la fin du XIXe siècle, loin des fadaises inculquant que nous descendrions tous de la paysannerie. Un journalier se dénombre bien dans la ruralité. Mais il vend la force de ses bras au propriétaire de la terre. Et il cultive à côté un petit lopin, uniquement parce que le salaire versé par le maître ne suffit jamais à nourrir son foyer.
Si de mon nom de famille, je scie plusieurs branches : Colombier, ça c'est Français de souche! Mais j'ai tronçonné mes racines maternelles espagnoles, tout en décapitant Péronne, nom de ma grand-mère paternelle, dont le catalan fut la langue maternelle bien après que Louis XIV gagne le Roussillon sur son cousin le roi d'Espagne.
Et en fin de compte, du côté Colombier, on ne parlait français que sur les bancs de l'école ou lors du conseil de révision pour partir à la guerre de 14-18. Et comme en occitan le V se prononce B, nombre des miens, de la même souche familiale, sur l'état-civil des naissances, ne portent pas le même nom de famille.
Bon, je vous agace avec tout cela qui semble n'être plus dans l'air du temps.
Mais ma mère et ses trois sœurs se faisaient traiter de "sales petites espagnoles" par les bons patriotes de l'époque dans les rues de Narbonne, à cause de leur accent venu d'ailleurs, lorsque le gouvernement pétainiste fascisant collaborait avec l'Allemagne nazie. Elles habitaient d'ailleurs dans le même quartier d'émigrés espagnols. Ben oui, les propriétaires français des vignobles préféraient exploiter la main-d'œuvre étrangère beaucoup moins chère que celle des Gaulois de souche.
Je vous embête toujours avec cela?
Pourtant, toute forme de racisme, dont l'antisémitisme demeure une forme, n'est pas une opinion politique, mais le délit punissable par la loi, que l'on croit au ciel ou qu'on n'y croit pas. Et cela est de tous les temps.