Les ouvriers
A l'occasion de ces élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, j'ai retiré Les ouvriers de derrière mon fagot de rimes, pour conjuguer le présent avec le passé.
Vous étiez gens du labeur, des petits, des sans-grade,
Toute votre vie, on vous a répété ceci.
Vos pères étaient des gueux, sans aucune échappade,
Gourds de sueur, de misère et de pain rassis.
Pourtant, vous en abondance dans les usines,
Aux tréfonds de la mine ou sur les champs amers,
Vous ne comptiez pour rien et toujours sans racine
Quand le chômage vint sous les vents de brumaire.
On vous a remisés dans le coin le plus sombre,
Au fond des impasses que la ville a bâties,
Le soleil n'existe pas sous les heures sombres,
Dans la vie décharnée, le rêve est décati.
Et encore là, vous, oubliés du désastre,
Au silence d'antan s'accroche le mépris.
Vos mains calleuses valent moins qu'une piastre,
Le jour s’est éteint avant le cri de la nuit.
Mais vous étiez là pour l’aube tambourinaire
Lorsque renaissait à la forge le soleil.
Comment oublier le drapeau des prolétaires
Même si la bête immonde semble offrir du miel.
Vous étiez gens du labeur, des petits, des sans-grade,
Toute votre vie, on vous a rabaissés ainsi.
Mes pères en étaient tous, sans aucune échappade.
Pour être toujours des miens, je vous dis merci.