Tout le monde prétend vouloir la paix, mais certains proposent la guerre pour l’atteindre
Je ne suis plus adhérent du Parti communiste français. La disparition des cellules à l'entreprise comme dans les cités décidée par le Pc, des collusions avec les socialistes pour obtenir des strapontins en conseil municipal et régional, et dans le 78, le Pc gouvernant avec la droite la méga-communauté de communes du GPS&O, ou le drapeau de l'Europe sociale au sein de l'UE du capital ont fait que je ne suis plus le militant que je fus. Pour autant, les propos du candidat communiste, lors de son meeting à Avion dans le Pas-de-Calais, le 25 février, détonnent avec les va-t-en guerre français de tout bord.
"Tout le monde prétend vouloir la paix, mais certains proposent la guerre pour l’atteindre", affirme Fabien Roussel. Extraits:
C’est donc tellement symbolique aussi de nous retrouver ce soir, à l’heure où les bombes et les armes résonnent, à quelques heures d’ici. Quel symbole de se retrouver en cette journée si particulière, à Avion, ville solidaire, Avion, ville de Paix et de fraternité, avec à sa tête une belle équipe municipale, avec toi, cher Jean-Marc Tellier, que je salue et remercie chaleureusement pour ton accueil. (...)
C’est ici, dans ces terres où je suis né, où la fraternité entre les peuples n’est pas qu’un slogan, dans ces terres où la solidarité se vivait au fond de la mine et aujourd’hui dans les usines. C’est ici, dans cette terre où la solidarité, l’amitié, la chaleur humaine sont toujours inscrits dans nos coeurs, dans nos gènes, que je souhaite parler de Paix et de solidarité.
Le prix de la paix, le coût de la guerre, nous le connaissons mieux que quiconque, ici, dans le bassin minier.
Le monument aux morts d’Avion, ceux de toutes nos communes dans le Nord-Pas-de-Calais, en Picardie, rappelle chaque jour le sacrifice d’une région entière transformée en champ de bataille.
C’était il y a plus d’un siècle, mais les mémoires sont encore vives. Car la situation que nous vivons aux portes de l’Europe est gravissime.
La guerre est là. Les canons tonnent. Les premières victimes sont tombées, civiles et militaires et elles s’ajoutent à celles de ces dernières années.
Le président russe a décidé d’intervenir en Ukraine en violation de toutes les règles élémentaires, fondamentales du droit international. C’est une invasion militaire. Et je veux dire ici, en votre nom à tous, que nous condamnons sans réserve cette décision.
Il sera toujours temps de disserter sur les responsabilités des uns et des autres, sur celle de l’OTAN qui n’a eu de cesse de pousser ses bases aux frontières de la Russie et de vouloir l’élargir à l’Ukraine.
Aujourd’hui, la guerre est là, et la responsabilité du président russe est immense. Ce président tout puissant veut montrer ses muscles au monde entier. Ce nationaliste, autoritaire, compagnon de route des extrêmes-droites françaises, responsable de tant de pauvreté, d’inégalités dans son propre pays, entend masquer ce terrible bilan en engageant son peuple dans la guerre.
Oui, nous devons tenir le langage de la fermeté avec le président russe. Je tiens à rendre hommage ici aux forces progressistes de Russie qui s’engagent, parfois au péril de leur vie, contre ce dirigeant autocrate, qui a choisi de se mettre au service des oligarques et de la finance !
Mais l’urgence, aujourd’hui, c’est de faire taire les armes. Nous ne voulons pas vivre sur un baril de poudre. L’urgence, c’est de mettre une pression immense sur le président russe afin qu’il soit cesser le feu.
C’est d’obtenir que les dirigeants russes acceptent de faire taire les armes mais aussi de se retirer de l’Ukraine.
Oui nous devons tout faire pour que la Russie, mais aussi l’Ukraine, se retrouvent autour d’une table, avec l’ensemble des pays européens, pour trouver les conditions d’un cessez-le-feu immédiat, mais aussi pour travailler à la garantie de la sécurité de chacun, la sécurité collective de chaque pays, de chaque peuple, de chaque famille vivant sur ce grand continent européen !
Nous vivons ensemble sur cette terre, sur ce continent, qui va de Brest à Vladivostok, de l’Atlantique à l’Oural et nous devons apprendre à vivre ensemble dans la paix et la sécurité !
La paix, voilà l’objectif que nous devons poursuivre inlassablement.
Oui, la paix !
Tout le monde prétend vouloir la paix, mais certains proposent la guerre pour l’atteindre ! Quel paradoxe !
La paix, c’est une construction, c’est celle à laquelle les peuples aspirent avant tout.
La paix, c’est une volonté politique, c’est une ambition collective, ce sont des efforts immenses de dialogue, de diplomatie !
C’est éviter la surenchère, c’est éviter d’exacerber les tensions !
Quand nous disons que nous ne voulons pas la guerre, c’est surtout parce que nous voulons faire entendre la voix de la paix pour couvrir celle des nationalistes, des extrémistes, des va-t-en guerre !Je les entends déjà, les va-t-en guerre qui font la course à celui qui proposera les sanctions les plus sévères contre la Russie, ceux qui proposeront de vendre des armes et même de participer militairement au conflit.
Jusqu’où vont-ils nous mener ?
Il n’y a jamais eu autant d’armes vendues dans le monde que ces dernières années, il n’y a jamais eu autant d’investissements dans l’arme nucléaire, d’ogives nucléaires même au sein du continent européen, en Russie comme dans les pays de l’OTAN qui se font face aujourd’hui.
Il n’y a jamais eu autant de sanctions, de guerres économiques que ces dernières années. Pour quels résultats ? Pour quel progrès ? Au contraire, les courants nationalistes, réactionnaires, se sont renforcés, en Russie comme en Ukraine.
La France doit agir urgemment, avec l’Allemagne, avec d’autres, pour réunir une conférence européenne large, ouverte à tous les pays de notre continent, y compris la Russie, afin de parvenir à un règlement global, par le dialogue.
Nous disons « non » à l’expansion de la Russie comme nous disons «non » à l’expansion de l’OTAN à l’Ukraine. Et nous devons aussi retrouver en Europe et surtout en France, une politique étrangère non alignée derrière les États-Unis qui n’ont eu de cesse, eux aussi, de souffler sur les braises ces 20 dernières années !
Car la responsabilité est aussi importante du côté de l’administration américaine qui, depuis 1999, s’est empressée d’élargir les bases de l’OTAN aux portes de la Russie !
Même des anciens dirigeants de la CIA ont dit que l’élargissement de l’OTAN vers la Russie était la pire erreur des États-Unis depuis la fin de la guerre froide.
Même Henri Kissinger, qui n’est pas à ranger du côté des grands pacifistes de ce pays, a dit qu’il fallait trouver une solution pour l’Ukraine en lui donnant un statut de pays neutre, à l’instar de la Finlande !
Il faut aujourd’hui avoir en tête cette histoire pour pouvoir aussi construire l’avenir !
Oui certains sont encore nostalgiques de la guerre froide ! Nous n’en voulons plus, nous, de la guerre froide ! Nous, nous ne sommes ni pro russes, ni pro américains, ni Biden, ni Poutine, nous voulons construire la sécurité pour tous, nous voulons la paix des peuples en Europe.
Quels que soient les dirigeants russes aujourd’hui ou demain, nous devons construire ensemble le cadre de notre sécurité en Europe, en y incluant la Russie. Et sans avoir les États-Unis qui nous soufflent à l’oreille ce que nous devons dire !
Oui, nous demandons une grande conférence, en urgence, réunissant l’ensemble des pays du continent européen pour mettre un terme rapidement à cette escalade guerrière !
« Quelle connerie la guerre » écrivit un jour Jacques Prévert, « plus jamais la guerre », clamons-nous aujourd’hui."