Le Conseil dEtat rétablit le droit constitutionnel de manifestation
Saisie par des syndicats et des associations, dont la CGT et la Ligue des droits de l'homme, la plus haute juridiction administration française rétablit le droit constitutionnel de manifester. Elle abroge de fait l'article 3 du décret du 31 mai 2020 imposant l'interdiction de manifester dans l'état d'urgence sanitaire. En vérité, état d'urgence tout court avec son cortège de dispositions liberticides dont celles rabotant les droit conquis par les travailleurs.
Ce samedi, à Paris, la préfecture de police, aux ordres du pouvoir des riches et du capital, a interdit aux milliers de manifestants contre le racisme et les violences policières de défiler de la place de la République à l'Opéra. Elle les a enserrés sur place comme pour provoquer des troubles. Ce que les téloches d'infos, supplétives du régime, auraient rapporté dans leurs éditions spéciales préparées à cet effet.
Libération, commentant cette décision du Conseil d'Etat, préfère conclure son article ainsi: "En plus de la manifestation parisienne, d’autres défilés étaient prévus à Marseille, Lyon, Montpellier, Nantes ou encore Lille. Des rassemblements qui ne sont pas autorisés d’office par cette décision : le juge rappelle que «toute manifestation sur la voie publique doit faire l’objet d’une déclaration préalable à la mairie ou la préfecture»."
Du journal autrefois gauchisant à bobo parigot aujourd'hui, il n'y avait qu'un pas. Mais à mon avis, il a été franchi depuis des lustres.
Lorsque sont autorisés en France les syndicats en 1884, leurs dirigeants devaient décliner leurs noms, prénoms, adresses en mairie, charge aux municipalités d'en aviser le gouvernement par la voie des préfets ou des sous-préfets et le patronat local si affinité avec celui-ci. De plus, les fonctionnaires avaient interdiction de se syndiquer et ne le pourront qu'en 1946, un ministre communiste créant le statut de la fonction publique.
Pour en revenir à la loi de 1884 sur les syndicats, Jules Ferry, alors chef du gouvernement déclare: "En autorisant les syndicats professionnels, ce gouvernement a mis en place une administration composée de l’élite des ouvriers […] capable d’isoler les agitateurs professionnels ! "
Mais sous les actions de nombre de chambres syndicales, surtout lorsque la CGT se crée en 1895, les luttes vont faire dépasser cette intention affichée d'un gouvernement bourgeois en faveur d'un syndicalisme docile et indolore pour le capital.
Ces mots fleurissaient sur les murs lors des gréves et manifestations de mai-juin 1968.
Pour fêter à sa façon l'anniversaire de mai 68, le journal patronal Les Echos titre: « Il est interdit d'interdire » : une erreur de Mai 68!
Qu'en pense Libé?