Le Parlement de l'UE du capital manipule l'histoire et la mémoire
Les eurodéputés ne peuvent pas voter une loi pour la soumettre aux chefs qui dirigent l'UE du capital: la Commission européenne -chaque état en désigne un membre- et le Conseil européen des 28 chefs d'état et de gouvernement. Mais les eurodéputés peuvent voter des résolutions. C'est ainsi qu'ils ont manipulé l'histoire et la mémoire, le 19 septembre 2019, en mettant en équivalence nazisme et communisme et en nommant expressément le pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique dirigée par Staline comme le déclencheur de la Deuxième Guerre mondiale.
Incontestablement, le régime stalinien a été sanglant et criminel. Et les pays influencés par le soviétisme ne furent pas exempts d'abus et de crimes contre les droits de l'homme. Pour autant, jamais l'Union soviétique n'a mise en route une politique génocidaire, comme l'Allemagne hitlérienne l'accomplit en exterminant Juifs et Tsiganes, et tous ceux que le nazisme considérait comme des "sous-hommes" au nom de la pureté de la soi-disant "race aryenne".
De la même façon, oublier les 22 millions de morts soviétiques durant la Deuxième Guerre mondiale, oublier la capitulation sans condition de l'armée nazie en février 1943, à Stalingrad, avec ses alliés fascistes roumains, italiens, hongrois et croates, stoppant l'expansion hitlérienne et l'apport de l'Armée rouge à la victoire finale, oublier la levée des communistes dans la Résistance partout en Europe, est une injure faite à des millions d'hommes et de femmes s'étant sacrifiés contre la barbarie nazie.
Par contre, que dire d'un des paragraphe de la résolution adoptée par les eurodéputés de droite et de son extrême, socialistes ou écologistes? Le Parlement européen "fait observer qu’en adhérant à l’Union européenne et à l’OTAN, les pays d’Europe centrale et orientale ont non seulement pu retourner dans le giron de l’Europe libre et démocratique, mais ont aussi réussi, avec l’aide de l’Union euro, à mettre en œuvre des réformes et à entrer dans une dynamique de développement socio-économique."
Non, le pacte germano-soviétique n'est pas la cause de la Seconde Guerre mondiale. Celle-ci est due à différents faits historiques dont le principal est le projet expansionniste, belliqueux et racial du nazisme.
A la fin de la Première Guerre mondiale, les conditions de la paix extrêmement punitive des vainqueurs, dont la France, à l'Allemagne, sont un vecteur primordial dans la montée du nazisme dans ce pays: très lourdes indemnités financières insupportables dans un pays exsangue après tant d'années de guerre, Allemagne coupée en deux par le Pologne occupant une partie du territoire national, occupation militaire de la Rhénanie, puis de la Ruhr par la France, etc.
Ensuite, Mussolini et Hitler au pouvoir, pactes et traités ont été signés, au lieu de combattre leurs idéologies:
- juin 1933, pacte d'entente et de collaboration entre la France, la Grande-Bretagne et l'Italie de Mussolini;
- juin 1935, traité entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne hitlérienne autorisant celle-ci à disposer d'une flotte de guerre;
- août 1936, Jeux Olympiques à Berlin quand le régime hitlérien a ouvert des camps de concentration contre ses opposants et l'exclusion des Juifs de la société dès 1933;
- été 1936, non-intervention de la France dans la guerre d'Espagne, alors que l'Allemagne et l'Italie arment et financent le coup d'état militaire fasciste;
- septembre 1938; traité de Munich Allemagne-Grande-Bretagne-France-Italie offrant la Tchécoslovaquie à l'ogre hitlérien;
- décembre 1938, pacte de non-agression France-Allemagne
Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich nazie, devant le Tombeau du Soldat Inconnu à l'Arc de Triomphe à Paris, pour la signature de l'accord bilatéral France-Allemagne, le 7 décembre 1938
Durant tous ces actes, pactes, accords et traités, l'Union soviétique n'a de cesse de vouloir signer une alliance militaire avec la France et la Grand-Bretagne. En vain et le patronat français a choisi Hitler plutôt que le Front populaire.
- 23 août 1939, pacte de non-agression germano-soviétique;
- 1er septembre 1939, l'Allemagne nazie attaque la Pologne sans déclaration de guerre;
- 3 septembre 1939, la France déclare la guerre à l'Allemagne mais reste l'arme au pied sur sa frontière. C'est la "drôle de guerre" en attendant que l'Allemagne retrouve ses armées victorieuses en Pologne et déclenche sa guerre-éclair en mai-juin 1940.
La suite, vous la connaissez.
Le Parlement européen ne se grandit pas après avoir voté la résolution "sur l'importance de la mémoire européenne pour l'avenir de l'Europe". Mais faut-il s'en étonner? Le brouillage de toute intelligence dans l'histoire du passé sert toujours le capital et ses commis.