Les barbelés de la honte par José Fort
Pris sur son blog :
Ma chronique sur Radio Arts-Mada (tous les lundi en direct à 19h15)
Un conseil. Si vous avez les moyens d’investir, de spéculer, de faire de l’argent, un marché fait un tabac actuellement dans le monde : le barbelé et tout ce qui sert à construire des murs, barrières, clôtures qui pullulent depuis quelques années sur notre planète. Vous doutez ? Le bilan provisoire dans ce secteur économique de pointe s’établit à 65 murs s’étalant sur des dizaines de milliers de kilomètres. Au top de cette industrie performante, Israël et ses presque 1000 kilomètres de mur de la honte enfermant le peuple palestinien.
Toutes ces fortifications signalent un même phénomène : une logique de fortification de la frontière. Alors que les « vieux murs » servaient à éviter que les conflits ne dégénèrent (Chypre, Inde / Pakistan, les deux Corées...), aujourd'hui, il s'agit de blinder la frontière, d'en faire une « sur-frontière ». Mais ces murs sont-ils efficaces ?
Selon la revue « les enjeux internationaux », les murs ne servent à rien car ils induisent des logiques de transgression. On a dénombré 150 tunnels sous la frontière mexicano-américaine. Les trafiquants contournent les murs et barrières par la mer avec des sous-marins ou par les airs avec des drones... Ces stratégies de contournement sont multiples, de plus en plus sophistiquées et dangereuses à mesure que les murs se renforcent.
Toujours selon la revue « les enjeux internationaux », les murs viennent fracturer une zone transfrontalière, donc déstructurer une économie locale.
Alors que les passages de frontières pouvaient être pendulaires, saisonniers, temporaires - on pouvait revenir en arrière, retourner dans son pays d'origine, ces murs empêchent paradoxalement ceux qui les ont franchis de ressortir du pays où ils sont indésirables.
Les murs « invitent les mafias à la table de la frontière ». On ne peut plus franchir un mur sans faire appel à des structures criminelles. Une situation plus grave que le problème originel est ainsi créée.
Jeune, je me souviens avoir entendu des tonnes de commentaires sur le mur de Berlin, particulièrement la déclaration du président des Etats-Unis de l’époque, John Fitzgerald Kennedy, qui avait déclaré « Ich bin ein Berliner », je suis un Berlinois. C’était le temps de la guerre froide et on s’émouvait il y a peu encore de ce « mur de la honte ». L’eau coule toujours sous les ponts de la Spree dans la capitale allemande mais les principaux chefs d’Etat ne déclarent surtout pas « nous sommes citoyens du monde ».
La France disposera bientôt de son mur. Un mur « anti immigrant » à Calais. Mais attention, il sera végétalisé. On n’arrête pas le progrès.
Pour terminer je vous propose d’écouter la chanson « Des ponts à la place des murs » interprétée par le groupe rap Cercle fermé.
Note de ma pomme: Ci-dessous, 2 photos. La première n'immortalise pas la célèbre Muraille de Chine, mais le mur d'apartheid élevé par l'état d'Israël pour protéger ses colonies installées en territoire palestinien.
La seconde sont ces barbelés que l'UE du capital dresse pour empêcher les réfugiés de la guerre et de la misère de pénétrer en cette Europe où le fric et l'égoïsme sont rois.
Et quitte à me répéter, en 1939, les débuts du camp du Barcarès où fut emprisonnée une partie de ma famille espagnole, réfugiés républicains à la chute de la République espagnole sous les coups du fascisme international, pensant trouver en France un accueil digne de la Patrie des droits de l'homme.
Hier comme aujourd'hui, une société de merde que d'aucuns cherchent toujours à humaniser(sic)!