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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

"C'est une émeute", demande Louis XVI. "Non sire, c'est une révolution", lui répond-t-on.

La veille, rentrant de la chasse en ce 14 juillet 1789, Louis XVI avait noté "Rien" sur son carnet journalier. Le 15 juillet, à 8 heures du matin, apprenant la chûte de la Bastille, il avait questionné le duc de la Rochefoucault à ce sujet.

Oui, le symbole du «colosse effroyable du despotisme» était tombé en ce 14 juillet 1789.

La veille, les Parisiens, armés de piques, s'étaient emparés de fusils et de canons entreposés dans l'Hôtel des Invalides. Mais pas suffisamment de poudre et de munitions. Dès 8 heures, en ce 14 juillet, on vient se masser devant la Bastille, cette forteresse honnie. Son ombre hostile écrase le faubourg populaire Saint-Antoine et derriere sa hauteur, ses tours et l'épaisseur de ses murs, des canons sont pointés sur la foule qui s'avance.

Le gouverneur de Launay accepte de faire reculer les canons. Il veut gagner du temps en attendant des secours. Il reçoit une délégation, l'invite à manger. Mais la pression monte en bas. A 12 heures 30, c'est l'assaut et la forteresse résiste.

Arrivent alors des Gardes françaises qui ont fait s'enfuir hier le régiment étranger du Royal Allemand hors de Paris. Ce sont des soldats de métiers qui ont pris partie pour l'insurrection parisienne. Ils savent manoeuvrer et tirer au canon. Ce renfort fait que la Bastille est prise, son gouverneur arrêté, décapité et sa tête promenée dans Paris au bout d'une pique.

Les Parisiens rélèvent des centaines de morts et de blessés.

Le 19 juin 1790, l'Assemblée nationale vote un décret rendant honneur aux «vainqueurs de La Bastille».  Il leur est attribué un uniforme, un brevet attestant de la reconnaissance de la patrie, leur nom gravé sur un fusil et un sabre, une pension pour les blessés de l'assau, et une place de choix pendant la Fête de la Fédération qui se prépare «afin qu'ils soient exposés à l'admiration de la foule comme les symboles vivants de la liberté conquise».

Mais qui a fait le tri pour désigner 661 héros parmi ces milliers de Parisiens? 5 sur 6 sont artisans, maîtres ou compagnons, un sur six marchands, négociants, industriels, rentiers et 80 sont militaires. Une seule femme, blessée, est de ces héros: Marie Charpentier, blanchisseuse de son état. Mais le peuple est également absent du décret de l'Assemblée nationale.

Ce ne sera pas la première fois que les femmes sont oubliées par la Révolution française. Ce sont elles pourtant qui iront chercher le roi et sa famille à Versailles, pour le ramener définitivement à Paris, le 5 octobre 1789. Elle sont des milliers à agir ainsi contre la disette et la cherté de la vie. Une cinquantaine de voitures de grains et de farines les accompagnent sur le chemin du retour. 

Et la Révolution française ne leur accordera pas plus le droit de voter ou d'être élue par la nation. Mais ceci est une autre histoire...

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