Les bâtisseurs de ruines par Jean Ortiz
« Regardez-les travailler », disait Eluard. Je voulais titrer « Ils ont osé » le 49-3, mais ils n’osent rien, ils sont eux-mêmes, « ralliés » avec ferveur au néo voire à l’ultra libéralisme. Ils ne font qu’obéir aux marchés et se contorsionnent devant le MEDEF, pensant conserver ainsi voiture de fonction, impunité, coussins et retraites dorés. Ils se veulent les gérants les plus loyaux du capitalisme.
Ils ont le cynisme des apostats, l’arrogance des traîtres ; ils exsudent le mépris du peuple. Chez eux, point de scrupules, ni de honte. A l’époque de la guerre de libération algérienne, ils voulaient liquider « la racaille ». Après la Libération, ils sortirent les chars contre les mineurs. Sans parler de la « Non intervention » lors de la Guerre d’Espagne. Ont-ils vraiment été un jour véritablement « de gauche » ? Mitterrand avoua qu’il signa le programme commun pour en finir avec le PCF. Bassesse et vilenie leur tiennent lieu de valeurs.
Combien de « flingueurs » vont aller maintenant au bout de leur démarche ? Se déclarer en insurrection civique au sein de leur parti ? Ou en sortir... ? Ce sera un test grandeur nature. Quant à la CGT, FO, à la FSU, Solidaires, l’UNEF, etc., aux « Nuits debout », elles peuvent mettre à leur actif d’avoir « poussé » ces petits politicards à tordre le coup à la démocratie, pour servir les intérêts des classes dominantes. A tomber le masque. Faut-il qu’ils aient eu peur du mouvement populaire, du débat, du rôle du Parlement ! Autant de points marqués par tous ceux qui depuis plus de deux mois battent le pavé, supportent avec courage les violences policières éhontément orchestrées par un pouvoir minoritaire, faible et minable. Champion hors catégories de la collaboration de classe. Le coup de force infâme pourrait se retourner très vite contre ses auteurs. J’y crois. Le mouvement va s’amplifier. C’est sûr. On ne peut nier un peuple indéfiniment.
P.S. : A leur propos, mon père disait : « il est vain de demander à l’ormeau de produire des poires ». « P’alante ! ». Les pommiers sont en fleur. Les premières cerises sont pour demain.
Publié dans l'Humanité.fr du mercredi 11 mai 2016
Note de ma pomme: Cette tribune, à laquelle je souscris entièrement, est datée du mercredi 11 mai 2016 à 10h 24. Elle est donc antérieure aux tribulations des députés socialistes, mais aussi du groupe écologiste, autour d'une censure de gauche contre le pouvoir socialo.
Cette censure échoua, vu la défection d'amis de Benoît Hamon, porte-parole de ladite motion de censure de gauche, et des députés aubrystes dont le chef de file est Marc Germain, élu PS dans les Hauts-de-Seine et époux de la maire de Paris.
Les députés Fg ont voté la censure déposée par la droite, non parce qu'ils étaient d'accord avec la droite réactionnaire, mais bien qu'il fallait censurer le pouvoir socialiste. Seuls, 2 députés EELV ont suivi ce même chemin. Aucun député dits frondeurs n'a censuré ses potes du gouvernement et du palais de l'Elysée.
Jean Ortiz cite Paul Eluard dans son texte. J'y ajouterai les mots d'Aragon dans la rose et le réséda écrit en 1943, sous l'occupation nazie de notre pays:
(...)Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat (...)
Fou qui fait le délicat (...)
Encore que le mot fou ne soit pas à la hauteur des circonstances actuelles.