Nuit debout, aujourd'hui, mais demain?
Ce mouvement, qui, depuis la place de la République à Paris, éclot ici ou là en France, n'est certes pas encore la lame sociale et majoritaire prête à bouleverser notre mauvaise société. Les ouvriers, les employés, les sans emploi, les habitants des quartiers populaires, bref tous les exclus dans notre pays l'un des plus riches au monde, n'y participent pas ou si peu.
Pour autant, Nuit Debout montre aussi la faillite de toute cette gauche à la gauche du parti de François Hollande. La législative partielle de Nantes, en Loire-Atlantique, bastion socialiste depuis des lustres dont Jean-Marc Ayrault fut le député, montre le désaveu de l'électorat envers cette classe politique dite de progrès et de justice sociale avec une abstention de 74,51%. Ceux qui se disent de la gauche radicale (le Pc avec 5,04%, Lutte ouvrière avec 2,67% et Communistes avec 1,07%) ne profitent pas de la chute vertigineuse du PS (- 26%).
Et Nuit debout, née juste après la manifestation du 31 mars 2015 à Paris, manif intitiée par la CGT-FO-FSU-Solidaires-Unef-Fidl et Unl, refusant toute récupération, impose la venue à leurs assemblées de militants non badgés.
François Ruffin, le réalisateur de Merci patron, dans sa dernière intervention place de la République à Paris, a semblé relever ce paradoxe. Il a notamment déclaré: "On a une place qui est saturée d’énergie, maintenant il faut qu’elle rencontre autre chose. Ce premier autre chose à rencontrer c’est l’évidence, ce sont les syndicats. On se propose de faire un gros temps fort dans le week-end du 30 avril et du 1er mai, et qu’en gros à partir de là démarre une deuxième étape avec des ambassadeurs de la "Nuit debout" dans les quartiers, dans les campagnes et ainsi de suite." Sera-t-il entendu?
De leur côté, les organisations syndicales pour le retrait de la loi El Khomri appellent à une journée de grèves et de manifestations le 28 avril, suivie d'un autre temps fort pour le 1er mai.
De son côté, la CGT réunit son 51e congrès confédéral de ce lundi 18 avril au vendredi 22 avril. Vont y être débattues ses actions depuis le 50e congrès et ses revendications pour tous les travailleurs pour aujourd'hui et demain.
Pour l'heure, les exclus de notre société, dans leur grande majorité, devant l'offre politique, sont résignés, ne se font pas entendre ou s'égarent vers la peste brune. Ils sont aussi peu ou pas syndiqués. Pour l'heure également, Nuit debout et la CGT, pour ne parler que d'elle en tant qu'unique organisation syndicale de masse et de classe, se regardent en chiens de faïence. Loin d'un rapport de force nécessaire et urgent pour l'émancipation du peuple de France. De tout le peuple de France.