Etat d'urgence: il est urgent d'en sortir
Samedi 30 janvier 2016, 111 associations et 19 syndicats manifestent contre l'état d'urgnce à Paris et en province sous la bannière du collectif Nous ne cèderons pas. Instauré depuis presque 3 mois après la barbarie meurtrière de Paris et Saint-Denis, ce régime d'exception, attentatoire aux libertés fondamentales, sans faire la preuve de son efficacité, doit disparaître.
Les chiffres du ministère de l'Intérieur, au 21 janvier 2016, sont plus que parlants. 3 189 perquisitions à domicile, 392 assignations à résidence, 382 interpellations et 332 gardes à vue n'ont accouché que de seulement 3 enquêtes ouvertes pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", enquêtes judiciaires qui, à cette heure, ne sont pas terminées. Le reste concerne des affaires de droit commun et des injustices. Mais de toute façon, comme le répète l'ex-juge antiterroriste Marc Trévidic, muté aux divorces à Lille, "une idéologie ne se combat pas par le Code pénal".
Mustapha F., dans l'Humanité d'aujourd'hui, relate son assignation à résidence. En application de la loi de 1955, il est obligé de pointer 3 fois par jour, aux heures prescrites, chez les gendarmes. Il ne doit plus quitter son domicile de 20h à 6h du matin. Sous peine de poursuites judiciaires pour avoir contrevenu à l'état d'urgence.
A 45 ans, ce citoyen français ne travaille plus dans la fonction publique. Un chauffard en état d'ivresse l'a handicapé à 100%. Depuis 2008, il est adhérent à un club de tir.
Or, l'état d'urgence établi, de bons patriotes, sans doute "de race blanche et d'origine chrétienne", comme au temps béni de Pétain et de l'occupation nazie, dénoncent ce musulman adepte du tir, lui dont le frère est l'un des gendarmes sur qui les frères Kouachi ont tiré lors de leur encerclement à Dammartin-en-Goële.
Le dimanche 15 novembre 2015, à minuit et demi, intrusion à son domicile de la police casquée, cagoulée, fusils mitrailleurs pointés sur lui et sa petite famille. Mustapha F. est menotté en caleçon, sa femme et ses deux filles tirées de leur lit, la maison fouillée de fond en comble. Depuis ce jour, la fille aînée du couple est traumatisée, elle est hospitalisée pour un mois, le 12 janvier. La plus petite refait pipi au lit.
Mustapha doit passer devant le Tribunal administratif le 8 février 2016. Celui-ci doit apprécier le bien-fondé de son assignation à résidence forcée établie depuis le 15 novembre 2015.
Sous l'état d'urgence, la police, le préfet et le procureur de la république peuvent agir sans qu'aucun contrôle judiciaire ne vérifie le bien-fondé et la légalité de la procédure.
François Hollande, Manu Militari Valls, les socialistes, la droite et l'extrême droite gueulent toujours plus fort: "Encore!"
Merde alors.