Travailleurs détachés: cocorico dit notre ministre du Travail (sic)
"Cocorico", reprennent en choeur les médias aux ordres, suite à la réunion des ministres du Travail des 28 états de l'UE. Oui, claironnent-ils, la France, la gentille, a fait reculer les méchants qui ne voulaient pas changer la directive européenne datant de 1996, laquelle pouvait faire bosser en Gaule des salariés de toute l'Europe à bas prix et en cotisant aux charges sociales de leurs pays d'origine, soit un manque à gagner de 30 à 40% pour la Sécu et tout bénef pour le patronat de chez nous qui est patriote sinon ça se saurait.
Etaient concernés par cette magouille au profit du capitalisme: le BTP, l'agriculture, l'agro-alimentaire et l'agriculture, les transports, la restauration, l'hôtellerie et l'intérim. Bref, des secteurs d'activités où déjà les salaires sont au ras des pâquerettes, les CDD et l'intérim en veux-tu en voilà et les horaires de travail à rallonge sans paiement des heures sup, etc.
Il y avait donc urgence de se réunir au niveau des 28 états. Pour ne pas que les citoyens ne s'abstiennent en mai 2014, le jour élu pour choisir les députés européens qui construisent l'Europe sociale. On s'est donc réuni le 9 décembre.
Alors cocorico ou pas après toute une journée de palabres entrecoupées de conciliabules dans les couloirs? A vous de juger.
L'accord obtenu par Michel Sapin (du bois dont on fait les cercueils pour enterrer le travail en France) ne s'appliquera que pour le seul BTP. Cette "responsabilité conjointe et solidaire" restera "optionnelle" dans les autres secteurs d'activité. Et dans ce secteur, on multipliera les contrôles avec des sanctions à la clé. Combien de fonctionnaires supplémentaires en 2014 pour traquer "le contournement des règles (qui) s'accroît en France"-dixit Michel Sapin- à l'Inspection du travail, à l'Ursaaf ou dans la police par exemple? Du coup, le coq gaulois est rentré dans le poulailler, tête basse et crête rabattue.
Attendez, ce n'est pas tout. Les mesures prises par les 28 états sur le seul BTP devront être soumis à la Commission de Bruxelles qui jugera si elles sont "proportionnées". Ensuite, on réunira les 28 chefs d'états et de gouvernements pour avaliser ou pas le paquet. Ben oui, il faut que la concurrence libre et non faussée reste force de loi.
Si vous ne le saviez pas, les ministres du Travail (sic) des 28 états de l'UE sont soit de droite soit socialiste.
- Dis tonton François, c'est quand qu'on quitte l'UE?
- Tu n'y penses pas, demain, c'est l'Europe sociale qui nous ouvre ses portes. Allez, tous ensemble: cocorico!
Pris dans Ouest-France