Sonnet pour ceux que ne j'aime pas
L’hiver a déchiré les rires de vos villes
De ses mains froides il en a fermé les yeux
Et puis s’est répandu dans l’aurore immobile
Pour qu’elle efface sa naissance sous les cieux.
Lorsque la vie s’est fendue et puis se sépare
Dénudée affolée devant le vide fort
Le cœur n’est plus conquérant et se désempare
Il se perd dans le mirage des doigts retors.
Alors la tête ailleurs et un pied dans l’abîme
Dans la bouche aride fond le moindre baiser
Comme la jeunesse du monde qu’on décime.
Je vous ai dénommés gens au petit bonheur
Vous vous enfermez tous avant d’avoir osé
Votre tombe tranquille est de votre couleur.
Est-ce ainsi que le monde doit vivre?