Quoi de neuf docteur? Ou des médecins du travail sommés de se taire
En France, depuis la loi du 11 octobre 1946, la médecine du travail est obligatoire dans toutes les entreprises. C'est une institution qui se met donc en place à la Libération. La France est l'un des rares pays qui l'a adoptée et contrairement aux idées véhiculées par le patronat, le médecin du travail est un praticien spécialisé en pathologie professionnelle et hygiène industrielle, après le tronc commun de 6 années d'études médicales.
Aujourd'hui, la médecine du travail a perdu un tiers de ses médecins et 80% des salariés n'ont plus de suivi régulier: les gouvernements successifs adoptant les revendications patronales en la matière. Pire, porter plainte pour faire taire les médecins du travail semble être la dernière trouvaille des patrons.
3 médecins du travail vont donc passer devant la chambre disciplinaire de l'Ordre des médecins, pour des certificats faisant le lien entre le travail et la santé d'un salarié. Au risque d'être radiés et de ne plus pouvoir exercer.
Tel le docteur Huez, convoqué le 18 décembre, médecin du travail à la centrale nucléaire de Chinon. Il fait l'objet d'une plaine déposée par la société Orys sous-traitant d'EDF. Son crime? Avoir délivré un certificat médical faisant clairement état du lien entre la santé psychique d'un salarié et ses conditions de travail, ce dernier ayant saisi les Prud'hommes pour harcèlement moral en produisant le document.
La hargne patronale ne s'arrête pas aux seuls médecins du travail. Le docteur Rodriguez, médecin psychiatre à l’hôpital de Montfavet, fondateur de la première consultation sur la souffrance psychique au travail de la région PACA, est attaqué par le Conseil de l’Ordre des Médecins de Vaucluse à la demande de la famille MULLIEZ (Auchan mais pas que), pour un certificat médical qui fait aussi le lien entre la pathologie présentée par une patiente et ses conditions de travail.
Dans un pétition autour de leurs confrères, le syndicat national des professionnels de la santé aux travail, dit que le Conseil de l'ordre:
- méconnaît l’article L.461-6 du Code de la Sécurité Sociale ;
- s’appuie sur ses propres commentaires des articles 28 et 76 du Code de déontologie en les dénaturant complètement ;
- se substitue à un employeur qui n’a aucun droit à poursuivre, du fait qu’il s’agit d’un médecin public, tout en reprenant ses arguments.
Dans ses commentaires des articles 28 et 76 précités, le Conseil de l'Ordre invite tous les médecins à ne pas prendre partie dans des conflits du travail où la santé du salarié est en cause.