Elie Domota et l'inauguration du Mémorial sur la traite et l'esclavage en Guadeloupe
Pour Élie Domota, en venant en Guadeloupe, François Hollande "est plus en préparation de sa candidature 2017 que dans le cadre de mise en oeuvre de politiques publiques pour stopper les disparités". Elie Domota est porte-parole de LKP et secrétaire général de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe.
Il n'assistera pas, ce dimanche, à l'inauguration par François Hollande du plus grand centre au monde de mémoire sur la traite et l'esclavage, le Mémorial ACTe. Invité ce matin au micro de France Inter, le secrétaire général de l'Union syndicale des travailleurs de Guadeloupe, a reproché au chef de l'Etat, comme à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, de considérer, en refusant les réparations que "la colonisation était une bonne chose, l'esclavage était une bonne chose".
"Quand ils disent qu'ils sont opposés à la réparation, c'est qu'ils considèrent que la citoyenneté française c'est la réparation. C'est comme si vous venez chez quelqu'un, vous tuez la famille, vous violez la petite fille, et quelques années après vous lui faites deux enfants, vous vous mariez avec elle et vous considérez que le problème est réglé!", a argumenté Elie Domota. Selon lui, "toute chose mérite réparation" et "un crime contre l'humanité est imprescriptible".
Les indemnisations accordées en 1848 aux propriétaires d'esclaves, lors de l'abolition de l'esclavage leur ont permis "d'asseoir leur domination économique et sociale, de créer des banques et de faire en sorte que l'économie coloniale soit préservée". "Ce que nous demandons c'est l'abrogation de ces textes de 1848 et 1849 qui ont indemnisé les colons, car ils ne sont pas conformes à la Constitution française".
"En Guadeloupe, 60% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage"
Par ailleurs, pour le porte parole du collectif LKP (contre l'exploitation outrancière), en venant en Guadeloupe, François Hollande "est plus en préparation de sa candidature 2017 que dans le cadre de mise en oeuvre de politiques publiques pour stopper les disparités". "Aujourd'hui, la Guadeloupe, c'est 60% des jeunes de moins de 25 ans qui sont au chômage, c'est pratiquement 30 à 33% de la population active qui est au chômage, c'est un taux d'illettrisme qui dépasse les 25% de la population", a dénoncé le leader des mouvements sociaux de l’hiver 2009. "Et le problème de la vie chère se pose toujours". "La situation est très grave et les réponses apportées par les politiques publiques sont totalement insuffisantes", a-t-il conclu.
Source: l'Humanité.fr du 10 mai 2015
Note de ma pomme: Après la Révolution de 1848 qui fait tomber la monarchie de Louis-Philippe, la République est proclamée le 24 février 1848. Un gouvernement provisoire dirige la France. Une très courte période révolutionnaire accorde des mesures de justice et de progrès social. Mais rapidement, la bourgeoisie et l'armée reprennent les choses en main. Ils vont dominer l'Assemblée constituante élue le 23 avril. Des troubles sociaux font leur apparition. L'armée, commandée par le général Cavaignac (à qui l'Assemblée confie tous les pouvoirs le 24 juin), réprime les insurgés avec ses 50 000 soldats et 100 000 gardes nationaux de province. Plusieurs milliers d'insurgés sont tués, 1 500 fusillés et plus de dix mille prisonniers. Cavaignanc devient le chef du gouvernement.
Le décret du 27 avril 1848, promulgué par le gouvernement provisoire de la Seconde République, proclame l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises, mais reconnaît également qu’une indemnité doit être versée à tous les propriétaires pour compenser la perte de ce que la loi avait considéré jusqu’ici comme un bien patrimonial. Si le principe de l’indemnisation n’est pas discuté, le texte du décret reste muet sur ses modalités.
Le 24 novembre 1849, un décret signé de Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la République le 10 décembre 1848, arrête définitivement les modalités de versement de l’indemnité coloniale.