Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Thiaroyé, près de Dakar, au Sénégal: une histoire tragique qui entâche le bilan déjà sanglant de la France colonialiste. Lors des deux conflits mondiaux, la France appela sous les drapeaux des soldats dits "indigènes" pour venir défendre la République française, laquelle ne leur accordait aucun droit dans leur pays d'origine.

En juin 1940, lors de la débâcle des armées françaises, 70 000 soldats dits "indigènes" furent faits prisonniers de guerre. Les soldats de l'Allemagne hitlérienne en exécutèrent un certain nombre, parce que sous-hommes selon le Reich nazi. Les autres furent emprisonnés en France, pour ne pas dénaturer la pureté de la race aryenne outre-Rhin. Ils furent des travailleurs forcés pour l'occupant ou les Français de la collaboration.

Ils sont libérés à l'été 1944 par les Américains ou la Résistance. Ils doivent rejoindre leur patrie d'origine. Près de 1 300 tirailleurs sénégalais embarquent à Morlaix pour l'Afrique occidentale en novembre 1944. Le ministère de la Guerre leur a promis un rappel de solde à Thiaroyé. Presque rien, mais une petite fortune dans ce continent déshérité et colonisé par l'Occident.

1er décembre 1944, massacre à Thiaroyé par la France colonialiste

Mais voilà, pas de solde à Thiaroyré et les anciens prisonniers de guerre français refusent de quitter le camp. Le 1er décembre 1944, à 3h du matin, le général Dagnan ordonne de mater cette rébellion. Officiellement, en riposte contre des tirs provenant des ex-tirailleurs sénégalais ayant perçu leur argent mais qui en revendique plus. Bilan toujours officiel: 35 morts, 35 blessés et 34 arrestations. 0 côté des Français.

En vérité, les chiffres sont faussés. Presque tout le bataillon sénégalais se trouvait sur l'esplanade du casernement, face aux automitrailleuses et aux fusils.

Procés à charge, jugement rendu le 5 mars 1945: 34 condamnations de 1 an à 10 ans de prison. Pourvoir en Cassation rejeté en avril 1945: un massacre doublé d'une spoliation car la solde a été détournée.

 

Armelle Mabon, historienne, maître de conférences à l'Université de Bretagne-Sud, a écrit un livre "Prisonniers indégènes. Visages oubliés de la France occupée", aux éditions La Découverte.

Elle souhaiterait un procès à titre posthume pour ce massacre de Thiaroyé.

A mon avis, la France colonialiste d'hier s'appelle aujourd'hui la Françafrique.

Commenter cet article