Elne dans le 66: couvrez cette histoire que je ne saurais voir
C'est Yves Barniol qui est maire d'Elne, ville de plus de 8 000 habitants dans les Pyrénées-Orientales. Il a battu en mars 2014 le communiste Nicolas Garcia qui l'était depuis 2001. Yves Barniol se présente sans étiquette. Et comme il est sans étiquette, du passé faisons table rase.
La précédante municipalité avait décidé de rendre hommage à plusieurs femmes marquantes de l'histoire sociale, révolutionnaire ou politique, en baptisant de leurs noms les rues d'un nouveau quartier. Il y aurait eu, entre autres, la rue Olympe de Gouges, la rue Lucie Aubrac, la rue Geneviève de Gaulle-Anthonioz (bientôt au Panthéon), la rue Martha Desrumaux, toutes trois résistances. Ou bien la rue Rosa Parks qui refusa de céder sa place à un blanc dans un bus américain. Aurait été célébrée aussi Madeleine Fillols, sage-femme de la maternité d'Elne native de cette ville.
Figurez-vous que pile poil dans cette bonne ville d'Elne dirigée par un maire sans étiquette, se dresse une Maison qu'on peut visiter. C'est un lieu de souvenir, protégé comme monument historique depuis 2012.
En 1939, la Retirada pousse vers la France les républicains espagnols, civils et militaires, hommes, femmes et enfants. Ils fuient la dictature fasciste du général Franco qui s'est emparé de l'Espagne après son coup d'état militaire. La France républicaine n'ouvre pas ses bras aux vaincus du Front populaire espagnol, mais des camps d'internements gardés par la troupe, sous des conditions terribles de vie. Les femmes enceintes redoutent d'y accoucher et de nombreux morts de bébés ou de mères durant l'accouchement sont enregistrés.
Un jeune institutrice suisse, Elisabeth Eidenbenz, sous l'égide de la Croix-rouge suisse, installe dans cette maison une maternité de fortune de septembre 1939 à avril à1944, date à laquelle les Allemands la ferment.
La maternité dElne va accueillir des réfugiées espagnoles sur le point d'accoucher, mais aussi des juives, des tsiganes et d'autres origines, toutes persécutées lorsque les nazis dicteront leur loi à la France: 597 enfants de 22 nationalités différentes sont nés dans le calme de cette maternité.
Le maire sans étiquette d'Elne va dénommer les rues Canigou, Carlit ou Fontfrède. Cela ne mange pas de pain puisqu'il est sans étiquette. Il a aussi fait voter la suppression du poste de directrice de de la Culture de la commune. Ben oui, la culture ça ne sert à rien, comme disait le sinistre Goebbels ministre de la propagande du Reich hitlérien.
Oui, surtout ne plus rien voir, ne plus rien dire, ne plus rien entendre de cette histoire de France qui donne des boutons, sinon plus aux individus sans étiquette. Mais pas que.
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines...