15 août 1944, débarquement allié en Provence et ces soldats "coloniaux" dans l'armée française qu'on a oubliés
Ce 15 août 2014, la France commémore le 70e anniversaire du débarquement en Provence des forces alliées. L’opération "Anvil-Dragoon" mobilise 900 000 hommes dont 250 000 Français de l’armée du général Jean de Lattre de Tassigny.
Français parce qu'engagés dans les Forces françaises libres à Londres ou venus des colonies de l'Empire français de l'époque: natifs de la métropole ou pieds-noirs de l'Algérie, mais surtout originaires du Magreb et de l'Afrique noire, des Antilles ou du Pacifique. Ces derniers, communément appelés "indigènes" par la hiérarchie militaire, ont largement contribué à la réussite de cette opération et à la libération des grandes villes comme Marseille, Toulon ou Fréjus.
La Seconde Guerre mondiale
La conscription devenu obligatoire dans les colonies dès 1919. Le gouvernement français appela l’Afrique à la rescousse dès l’imminence de la guerre avec l’Allemagne. Le contingent africain (Algériens, Marocains, Tunisiens, Malgaches) s’élève à près de 300 000 hommes. Au cours de la bataille de France, en mai-juin 1940, 10 000 soldats noirs sont tués et 7 500 sur 11 000 meurent dans les camps de prisonniers de guerre. Beaucoup sont sommairement exécutés par les Allemands, ces derniers les considérant comme des sous-hommes. Malgré les rigueurs climatiques, les maladies et l’attitude des états-majors qui les assignent systématiquement à des corvées subalternes, ces troupes issues des colonies se sont illustrées dans la campagne d’Italie en mai 1944 et ont joué un rôle décisif dans la libération de la métropole en 1944-45.
Mais dès l'automne 1944, alors que la France est progressivement libérée, les tirailleurs coloniaux sont démobilisés. Dans ses mémoires de guerre, le général de Gaulle invoque la nécessité de ce « blanchiment de forces françaises ».
Nombre d'entre eux vivent mal cette décision unilatérale. Le 30 novembre 1944, plus d’un millier, démobilisés et regroupés dans le camp de Thiaroye près de Dakar, se révoltent pour réclamer le paiement de leurs arriérés de soldes et de leurs primes de démobilisation. La mutinerie fut violemment réprimée, faisant 35 morts et de nombreux blessés parmi les anciens tirailleurs.
La déception de ces soldats s’est creusée plus lorsque le Parlement français a adopté en 1959 le décret dit de "cristallisation" bloquant les pensions, retraites et allocations payées par l’Etat français aux anciens combattants issus des colonies. Il faudra attendre la sortie du film Indigènes (2006) de Rachid Bouchareb sur les sacrifices des anciens tirailleurs, pour que les législateurs français décident en 2007 la décristallisation des pensions.
Celles-ci ont été revalorisées pour qu’enfin les anciens combattants africains de l’armée française perçoivent la même somme que les Français engagés dans la guerre.
Hormis qu’entre-temps la majorité des tirailleurs sont déjà morts et enterrés.