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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

La Chanson de Craonne interdite par le pouvoir socialiste

C'est le même parti politique qui, en 1914, s'abouche dans l'Union sacrée avec la droite et le patronat en participant au gouvernement. A peine Jean Jaurès enterré, reniant ses idées de solidarité internationaliste contre le capitalisme, ce même parti va adouber Jules Guesde, Marcel Sembat et Albert Thomas comme ministres socialistes. Tous les députés socialistes votent les crédits militaires. La CGT, dirigée par le réformiste Léon Jouhaux, est aussi de la partie. Celui-ci est nommé Commissaire de la nation pour "soutenir le moral du pays et l’effort de guerre". Le Parti socialiste et le camp réformiste ont-ils changé aujourd'hui?

Mais à la veille de l'entrée en guerre, les syndicalistes révolutionnaires ont droit eux à une attention spéciale du gouvernement: le carnet B, renfermant les noms de trois à quatre mille militants socialistes, anarchistes, révolutionnaires, établi par la Sûreté Générale. En cas de troubles ou de mobilisation ces "suspects" devront être arrêtés. En fait, l’Etat-Major suggère de les envoyer plutôt en première ligne au front. Plusieurs centaines de militants sont donc appréhendés dans le Nord et dans l’Est. Certains sont emprisonnés, la majorité intègre, en application de la loi, des bataillons devant spécialement incorporer les travailleurs ayant subi des inculpations pour fait de grève ou d’antimilitarisme. L’Union Sacrée a ses basses exigences.

Lors de cette boucherie mondiale de pauvres gens entre eux pour les intérêts des hors-sol -oui déjà-, la Bataille de la Somme, plus que celle de Verdun, est une monstrueuse hécatombe. Elle débute le 1er juillet 1916 et se termine le 18 novembre 1916. 3 millions de soldats y ont participé. 141 journées de combats laissent les armées belligérantes exsangues et éloignent un peu plus les perspectives de paix. Les gains des alliés sont insignifiants et un million de soldats des deux côtés sont tués, blessés ou portés disparus.

Lors de la commémoration des 100 ans de cette bataille, le pouvoir socialiste, par la voix de son Secrétaire d’état chargé des anciens combattants et de la mémoire a refusé que soit entonnée la « Chanson de Craonne ».

Après avoir refusé de procéder à une réhabilitation collective des fusillés pour l'exemple de la Première Guerre mondiale, le 26 mai dernier, avec cette censure, le pouvoir socialiste poursuit son même chemin ignoble débuté après l'assassinat de Jean Jaurès lequel écrivait: "le capitalisme porte la guerre comme les nuées l'orage".

Je repose donc ma question du début: le Parti socialiste et sa courroie de transmission syndicale ont-ils changé aujourd'hui?

La Chanson de Craonne

Paroles

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.

Refrain
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.

au Refrain

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

Refrain
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

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