L'électorat populaire dégoûté par la politique droitière de l'Elysée
Lui, qui avait voté pour François Hollande en mai 2012, s'est le plus abstenu lors de ces élections départementales. L'enquête fine d'Ipsos sur ce sujet révèle que 64% des ouvriers ont boudé les urnes. Ce qui met à mal les déclarations tonitruantes de l'extrême droite se déclarant premier parti ouvrier de France. Et petit rappel, 58% de l'électorat ouvrier avait apporté ses suffrages au programme du candidat socialiste en 2012.
Autre désaffection devant un bulletin de vote: les jeunes de moins de 35 ans toujours selon Ipsos. 64% d'abstention alors que 65% des plus de 65 ans s'est rendu aux urnes. Là aussi, 62% de la jeunesse avait voté François Hollande en 2012.
Au total, 51% de l'ancien électorat du locataire de l'Elysée, soit plus d'un sur deux, a pensé élection piège à cons et est resté chez lui. Une véritable sanction pour le PS et ses frondeurs.
Il n'empêche, l'extrême droite est arrivée en tête dans 48 départements sur 98. Si on doit analyser ce résultat, cessons de hurler sans cesse au fascisme sans apporter de solution politique. Non que l'extrême droite ne dénombre plus aucun fasciste, ni le pire des réactionnaires, ni aucun tortionnaire de l'OAS, ni de partisans de la supériorité de la race blanche, ni de cranes rasées adeptes de ratonnades, ni que Jean-Marie Le Pen, fondateur du Fn, n'en soit plus son président d'honneur. Mais cessons cette hystérie qui tient lieu de seul message politique contre l'extrême droite. Combien de ses électeurs d'aujourd'hui, sont-ils prêts à endosser une chemise brune pour renverser la République?
Pourtant, eux qui ne tremblent pas pour glisser un bulletin brun dans l'urne, sont absents des rassemblements ou des réunions publiques organisés sous l'égide de la fille de son père. Qui sont-ils ceux qui pensent ainsi se venger de tous et de tout, et surtout du monde politique aux affaires du pays depuis des lustres? Petites gens claquemurés dans leur foyer, informés seulement par la télé ou les réseaux dits sociaux, qui ont le plus grand mal à rembourser leurs emprunts? Petites gens jettés hors du travail par le patronat à qui on laisse croire qu'on donne du fric à l'assistanat dont ils sont exclus? Ou bien sont-ce des fascistes notoires qu'on délaisse parce que ça pue trop dans leurs têtes?
Face à ce paysage, la gôche de l'Elysée n'est porteuse d'aucun message. Quant à la gauche contestant à juste titre la complicité de l'Elysée avec les forces de l'argent et du patronat, divisée, déchirée dans des batailles d'appareils, sectaire entre elle, depuis la chute du mur de Berlin, elle semble écrire chaque jour plus la fin de son histoire.
Pour ma part, je ne m'y résous pas.
Et il n'empêche également que ce dessin reste d'actualité.