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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Hier, premier octobre 2022, cérémonie patriotique de mémoire pour le camp d'Aincourt

Mais qu'est devenu Marc Chevalier, préfet de Seine-et-Oise, qui réquisitionne le sanatorium d'Aincourt pour ouvrir, le 5 octobre 1940,  le premier camp d'internement en zone occupée par les nazis, sans que les Allemands n'en fassent la demande?

Préfet de Seine-et-Oise, dans une proclamation, le 22 octobre 1940, il dit collaborer avec les forces d'occupation nazies et met en garde les "mauvais Français" qui agiraient contre. Il paraphe la loi pétainiste sur le statut juif. Le 5 octobre 1940, donc, après une rafle en région parisienne sont internés à Aincourt les militants du PCF et les dirigeants de l'ex-CGTU fichés par la police avant la guerre.

Il débute sa carrière de haut-fonctionnaire en 1921, comme directeur du secrétariat de Laurent Bonnemay, ministre de la Justice, l’un des 80 parlementaires qui ne vota pas les pleins pouvoirs en 1940 à Phlippe Pétain. Lorsque Laurent Bonnemay quitte le gouvernement en 1922, Marc Chevalier est nommé sous-préfet de Château-Chinon dans la Nièvre. Il poursuit sa carrière comme sous-préfet d’Avalon, en 1926, dans l’Yonne, puis secrétaire général de la préfecture de Meurthe-et-Moselle en 1930. Mais il avait bien avant cela abandonné les idées républicaines chères à Laurent Bonnemay.

Marc Chevalier devient chef de cabinet du ministre Pierre-Étienne Flandin en 1931, puis au même titre lorsque celui-ci est nommé président du Conseil de novembre 1934 à mai 1935. Durant le Front Populaire, Pierre-Étienne Flandin est le chef de l’opposition parlementaire de droite. Partisan des accords de Munich entre la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne nazie et l’Italie de Mussolini, il adresse ses félicitations personnelles au chancelier Hitler. Il vote les pleins pouvoirs à Pétain et sous l’État Français de Pétain, il en devient l’un de ses chefs de gouvernement.

Marc Chevalier poursuit sa carrière de grands serviteurs de l’Etat. Nommé préfet du Bas-Rhin en 1935, il préfère rester aux côtés de Pierre-Étienne Flandin. En 1938, il est nommé préfet de la Moselle et devient chevalier dans l’ordre de la Légion d’honneur. En mars 1939, il est préfet d’Alger et administre les camps où sont internés les réfugiés républicains espagnols : 3 160 au 31 mars 1939 dont 139 femmes et 155 enfants, gardés par des gendarmes et des tirailleurs sénégalais. Marc Chevalier applique à la lettre les directives du gouvernement français qui les utilise comme main-d’œuvre à bon marché dans les travaux ferroviaires et routier ou dans l’agriculture.. Le ministre de l’Intérieur fixe ainsi leur rémunération le 31 mars 1939 : « Mon sentiment est que la nourriture étant assurée aux travailleurs espagnols, ceux-ci étant constitués en unités de travail, sous surveillance rigoureuse, ne devraient recevoir, en plus, qu’une prime de rendement à déterminer selon les circonstances et la nature de leur tâche. »

Après avoir obtenu les pleins pouvoirs, Pétain renverse la République et fonde l’État français. Marc Chevalier devient préfet des Alpes-Maritimes dans la zone française sous autorité de Vichy, puis préfet de Seine-et-Oise le 25 septembre 1940, dans la zone sous occupation nazie.

Dès le 5 octobre, il réquisitionne le sanatorium d’Aincourt et ouvre ainsi le premier camp d’internement en zone occupé, mais entièrement sous administration française et surveillé par des gardes mobiles français sous l’autorité du commissaire Andrew, ancien des Renseignements généraux et ex-directeur du camp de Bellay durant la « drôle de guerre ».

Pour réduire l’entassement des internés, Marc Chevalier songe à faire évacuer les plus dangereux vers le département d’Alger qu’il connait bien. Sans en aviser Vichy, il fait procéder à une visite médicale. Finalement, cette tentative n’aboutit pas.

Marc Chevalier reste préfet de Seine-et-Oise jusqu’au 11 janvier 1943. A la fermeture du camp d’Aincourt, en mai 1942, il y installe une école de formation des GMR, Groupe mobile de réserve, groupement militaire chargé de la répression des Juifs et de la Résistance.

Après le 11 janvier 1943, Marc Chevalier est nommé par Pétain au Conseil d’État, organisme sous Vichy qui devait remplacer le Parlement. Pétain assiste à sa première réunion du 19 août 1941. Et les déclarations de son président sont sans ambages : « Le Conseil d’Etat entend non se borner à un geste, mais accomplir un acte. Vous êtes ici devant votre Conseil. Vous restituez une tradition morte depuis le grand empereur dont le nom est inséparable de notre institution ; à un tel témoignage de confiance, comment ne répondrions-nous pas, non du bout des lèvres, mais du fond du cœur, par une promesse de fidélité ? » Et tous les conseillers de prêter serment à la personne du Maréchal, non à l’Etat.

Le 25 mai 1944, l’officier SS Helmut Knochen, commandant de la police allemande en France, écrit au général Von Stupnagel, commandant militaire  de la France, pour qu’il conseille au régime de Vichy, des hommes de la collaboration dont le Conseiller d’état Marc Chevalier, « un fonctionnaire de métier » comme « secrétaire général au ministère de l’intérieur. »

Marc Chevalier  est suspendu du Conseil d’État le 8 septembre 1944 et mis à la retraite d’office en tant que préfet le 31 octobre 1944. C'est à dire qu'il conserve sa retraite de haut-fonctionnaire.

On le retrouve plus tard chef d'entreprise dans le Midi de la France et il décèdera comme le plus paisible des hommes en 1976.

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