Les casseurs sont-ils au Ministère de l'intérieur par Jean Ortiz
Comment des forces de l’ordre ont-elles pu laisser se rassembler 1 200 individus cagoulés, casqués, bien « équipés », porteurs de sac à dos, sans intervenir ?
On attend d’un ministre de l’Intérieur, non pas qu’il vienne, par calcul, condamner les incidents « en marge » de la manifestation, mais qu’il les anticipe. Il a laissé, disent de nombreux responsables politiques et syndicaux, y compris de la police, dégénérer (volontairement ?) une situation qui va permettre à certains d’opérer allègrement l’amalgame entre les manifestants et les « casseurs ». Comment des forces de l’ordre ont-elles pu laisser se rassembler 1 200 individus cagoulés, casqués, bien « équipés », porteurs de sac à dos, sans intervenir ? Comment a-t-on pu laisser un Mc Do, une agence Renault, être saccagés et incendiés par des voyous, en toute impunité ? Qui a donné ces ordres, et permis le désordre ?
Ces images de violence, reprises en boucle, sont délibérées et instrumentalisées. Le pouvoir entend ainsi discréditer l’essentiel du message du 1er mai 2018 : la manifestation parisienne a été puissante, nombreuse, jeune, créative, diverse, pacifique, et très critique du macronisme. Là est l’essentiel. Et tout aura été fait par le pouvoir, et son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, pour faire diversion à cette réalité : le succès, le dynamisme et le sang-froid de la manifestation.
Depuis plusieurs jours, les services gouvernementaux savaient que des « casseurs » se préparaient à une action forte et coordonnée. Pourquoi ces services n’ont-ils pas anticipé, pourquoi ne sont-ils pas intervenus « préventivement » ? Pourquoi avoir tenu les dispositifs de sécurité si loin des « black blocks » ? Pourquoi avoir (délibérément ?) avoir sous-estimé le danger ? Avoir déployé des effectifs sans doute insuffisants ? Et donné des ordres qui n’étaient pas à la hauteur de la situation ? De nombreux syndicalistes policiers ont fait part de leur incompréhension.
Il reste que parmi ces 1 200 cagoulés, il y avait beaucoup de « casseurs », mais également des jeunes dont on a sans doute dévoyé la colère. Les anarchistes que je connais parlent et agissent à visage découvert. Qui sont donc ces casseurs encagoulés ? Qui les manipule ?
Collomb, démission !
Source: l'Humanité.fr du mardi 1er mai 2018
Note de ma pomme: Puisque tout est dit une fois encore sous la plume agile de Jean Ortiz, elle remplace mon billet du jour, même si je ne me reconnais plus dans le Pcf de la place du Colonel-Fabien à Paris et que lui en est adhérent.
Cela dit, j'ai beaucoup appris de mon grand-père, militant anarchosyndicaliste durant la Guerre d'Espagne contre le fascisme international. La CNT, le syndicat libertaire, était particulièrement influent et actif en sa Catalogne natale. Influent parmi la classe ouvrière et actif pour y développer une action culturelle et sportive. En France, sans espoir de retour en sa patrie sous le joug de la dictature franquiste, mon grand-père, ouvrier agricole, se syndiqua à la CGT, tout en ne reniant pas son passé libertaire et en disant toujours haut et clair ce qui, selon lui, n'allait pas. J'ai adhéré à la CGT en 1972. Je ne suis pas anarchiste, mais dire les choses, parfois avec colère, guide mes actions.
Demain, 5 mai 2018, 200e anniversaire de la naissance de Karl Marx, quand d'aucuns se raccrochent toujours à une fumeuse Europe sociale, à la Confédération européenne des syndicats qui apporte de l'eau au moulin de l'UE du capital, loin, très loin, de la lutte de classe nécessaire et urgente pour ne pas dépasser le capitalisme, mais pour le renverser.