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Publié par le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com

     Le procès de Jacques Chirac et des emplois fictifs à la mairie de Paris se tiendra sans la présence de l'ancien président de la République, maire de Paris au moment des faits incriminés. En effet, le Tribunal a jugé que la présence de M. Chirac n'était pas indispensable, vu l'expertise médicale affirmant qu'il souffrait de graves troubles de mémoire.

     Les faits remontent aux années 1990. Mais, s'il est vrai que d'aventure l'ex-maire de Paris est diminué mentalement, pourquoi avoir attendu son (si) grand âge pour le juger? Jacques Chirac ne s'était pas exilé pour se soustraire à la justice française.

 

     Pour ceux qui auraient aussi des trous de mémoire, quelques rappels:

   Jacques Chirac se voit poursuivi pour détournements de fonds publics, d'abus de confiance et de prises illégales d'intérêt. En clair, on lui reproche des emplois fictifs à la mairie de Paris au profit du RPR (l'ancêtre de l'UMP). Faits reconnus explicitement puisque l'UMP et Jacques Chirac ont conclu une transaction financière avec la mairie de Paris (actuellement de gauche), celle-ci abandonnant ses poursuites. Sauf que d'autres ont dénoncé cet accord et que la justice a poursuivi son cours.

 

     Pourtant, Jacques Chirac avait fait tout son possible pour s'éviter ce procès.

     Président de la République, il avait amendé la Constitution, de sorte qu'un président de la République est couvert par une immunité tout le long de son mandat. (Lorsque Nicolas Sarkozy lui a succédé, celui-ci n'est pas revenu en arrière et des mauvaises langues se demandent pourquoi.)

     En 2007, n'étant plus président de la République, Jacques Chirac est donc devenu simple justiciable, comme vous et moi. Enfin, pas tout à fait: le procureur général de Paris, celui qui requiert "au nom du Peuple français", a été nommé par lui. Les choses vont donc lanterner. Aujourd'hui, le parquet de Paris demande même un non-lieu dans cette affaire, comme si les faits n'avaient pas existé.

     Autre avatar, une disposition adoptée sous le règne de Nicolas Sarkoszy (Les mauvaises langues se demandent aussi pourquoi): la question prioritaire de constitutionnalité. En clair, on peut demander à la haute juridiction de la République si le procès intenté n'est pas contraire au droit constitutionnel. C'est ce qu'on fait les avocats d'autres prévenus en même temps que Jacques Chirac, d'où le report du procès à ce mois de septembre 2011. Signalons les larmes de crocodiles des défenseurs de l'ancien président de la République, lorsque la question prioritaire de constitutionnalité a été posée.

 

     Tous les citoyens naissent libres et égaux en droit. Sauf si vous êtes riches et puissants, puissants pour modifier la loi, riches pour se payer les honoraires d'avocats qui dépassent le revenu de tout un chacun (l'extrême majorité de ceux qui naissent soi-disant libres et égaux en droit).

     De sorte que, par application du principe d'inégalité dans notre société, si un petit justiciable est  poursuivi pour avoir volé un oeuf, il passe en comparution immédiate et se fait condamner comme ayant dérobé un boeuf. Même si sa mémoire flanche.

 

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