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Publié par le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com

     Notre voisine, puisque nous partageons les Pyrénées comme frontière commune. Notre soeur, il n'y a qu'à feuilleter les annuaires téléphoniques du Midi de la France, pour s'apercevoir, avec les nombreux patronymes à consonance ibérique, que l'immigration de ce pays, hier dans une misère endémique, n'a pas été rien. L'immigration des pauvres vers un autre ailleurs plus fortuné est hélas de tous les temps.

     Ce n'est jamais sans un pincement au coeur que j'écris sur l'Espagne. J'en suis issu. Un jour plus affreux que tous les autres de même nature, mes grands-parents s'en sont enfuis, sans papier. Et moi, aujourd'hui citoyen français, je n'oublie pas leur histoire et tout leur mal enduré pour s'établir dans la patrie des droits de l'homme.

     Ceci dit, l'Espagne recouvra la liberté et un début de prospérité après la mort dans son lit de Franco qui l'asservissait depuis 1936 (lequel fut reconnu par la France dès 1939). Son dauphin fut adoubé roi d'une monarchie constitutionnelle et s'instaura une alternance au gouvernement entre la droite (issue du franquisme) et le parti socialiste. Chacun y trouva son compte. Puis l'Espagne entra dans le Marché commun, l'ancêtre de notre Union européenne. Ce fut la fête, les nations pauvres de l'Europe allaient s'enrichir et devenir de grandes puissances (capitalistes, puisque les gouvernants en place- surtout les socialistes- ne remettaient pas en cause ce système). L'alternance politique (démocratique soit disant) joua donc son plein entre la droite et le parti socialiste. L'on était mécontent de ceux qui gouvernaient, on votait pour l'autre et vice-versa aux prochaines élections. La République espagnole de Front populaire de 1936, ses partis de gauche multiples (c'est cela la démocratie) et ses principes généreux de justice sociale, assassinés par le coup d'état fasciste du général Franco, étaient bien morts et enterrés à tout jamais. Avec la concurrence libre et non faussée en Europe et les dogmes capitalistes du FMI, tout allait se magnifier en terre d'Ibérie et, pourquoi pas, dans le monde entier.

     Aujourd'hui, le parti socialiste espagnol gouverne le pays. Aujourd'hui, L'Espagne accuse 21% de chômeurs selon les chiffres de l'OCDE, le pompon dans l'Union européenne, 43, 5% chez les jeunes (autre triste record) et 60% parmi la jeunesse de moins de 25 ans (record absolu en Europe) Et ce malgré les plans drastiques d'austérité imposés en 2010 par le FMI et les nations riches de l'UE: flexibilité du travail, licenciements plus expéditifs et moins couteux, baisse des allocations de chômage, baisse de 5 à 7% des salaires dans la fonction publique, baisse des pensions de retraite et recul de l'âge pour partir en retraite à 67 ans...

     Les idéologues (sic) qui espéraient pouvoir humaniser le capitalisme en sont pour leurs frais. Mais c'est le peuple espagnol qui trinque et qui ne se reconnaît plus entre la droite et la gauche (sic) au gouvernement. Comme la nation espagnole ne semble plus se reconnaître dans les syndicats qui ont accepté de fait ce plan de rigueur (une grève générale... en septembre dernier). Et peut-être pourrions-nous aussi réfléchir, nous citoyens de France, si dans notre pays en 2012, le patron du FMI (du parti socialiste), avait remplacé notre président actuel des riches.

     En effet, en Espagne, comme partout ailleurs, comment consommer et donc produire sans pouvoir d'achat? Comment détruire des emplois et pouvoir abaisser le nombre de chômeurs?

       En Espagne, notre voisine et notre soeur, mais pas seulement dans ce pays,  des voix s'élèvent, chaque jour plus nombreuses, pour remettre en cause leur système poltique et la société. Ils en ont assez du profit mondialisé pris sur les ressources naturelles de la terre et du ciel, comme sur le travail des hommes, et de la part congrue laissée en pâture aux peuples de notre planète.

     Autrefois en 1936, le Front populaire, en Espagne comme en France, rêvait à des lendemains qui chanteraient. Pourquoi de nos jours, ensemble, oublier cette idée toujours neuve de justice sociale, de paix, de pain et de liberté?

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