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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

La Leçon de choses, les champignons et la présidentielle de 2022

Autrefois, sur les bancs de l'école Elysée Reclus à Narbonne, les instituteurs imageaient la Leçon de choses par de grandes cartes apposées sur le tableau noir. L'illustration qui faisait frissonner notre esprit de gosse était celle des champignons. En effet, parmi cette multitude colorée, se dressaient des champignons vénéneux ou carrément mortels.

Mais mon grand-père Eduardo Casas, journalier agricole immigré, savait les reconnaître. Et à la bonne saison, il en récoltait particulièrement une espèce, par brassées entières dans les pinèdes qui bordaient l'océan de vignes qui l'exploitait. C'était des roussillous ou plus savamment appelés Lactarius deliciosus. Il faisait le bonheur sur nos tables prolétariennes qui ne connaissaient que du poulet le dimanche. Oui, ce n'était pas vraiment mieux avant. De plus, mon grand-père en vendait à la sauvette dans le quartier populaire de la rue Viollet-le-Duc, de quoi soutenir les fins de mois difficiles d'un ménage ouvrier.

Pour l'heure, dans cette campagne présidentielle qui débute sans en avoir l'air, me revient à l'esprit cette Leçon de choses sur les champignons, entre les comestibles, ceux qui donnent la chiasse et les carrément mortels.

Les candidats ont poussé plus vite et plus nombreux que les champignons. Et les épiciers, les instituts de sondage, nous abreuvent chaque jour de leur cote.

Pour ma part, j'en ai fait d'ores et déjà le tri: ceux poussant sur les terreaux infertiles des droites et de leur extrême; ceux qui se parfument toujours de rose et de justice sociale mais qui font l'inverse une fois aux affaires, et ce depuis l'assassinat de Jean Jaurès à l'été 1914. Il y en a aussi des verts, les mêmes qui ont débuté le sabordage du rail public avec François Hollande président.

D'un autre côté, parmi la poignée restante, je n'ai pas encore retrouvé l'odeur délicieuse du roussillous de mon enfance.

Mais c'est vrai. Je ne suis qu'un vieux con avec des revendications sans doute obsolètes, comme l'augmentation importante du pouvoir d'achat (salaire, retraite et minima sociaux), la réduction du temps de travail, la nationalisation des secteurs qui participent à la souveraineté nationale et à l'intérêt public, et des retraites dignes du 21e siècle, en taxant le capital, en attaquant la fraude fiscale des gens d'en haut, dans le 5e pays le plus riche au monde.

C'est vrai aussi qu'en 2021, ce fut le 150e anniversaire de la Commune de Paris ou celle de Narbonne par exemple dont on s'en fiche. Et sur une chaine privée, il y a l'émission Top chef et surtout pas le rousillous prolétarien au menu.

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