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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Mon camarade Gilbert Dubant m'adresse cette lettre. Plutôt une mise au point, mais que j'accepte fort volontiers. Contrairement à d'autres, y compris parmi ceux que je côtoie, je sais reconnaître mes erreurs: ma plume s'est égarée sur des chemins que je ne cautionne pas et ne cautionnerai jamais. C'est donc tout naturellement que je rétablis la vérité en publiant le texte de Gilbert Dubant, l'un de mes lecteurs et également l'un de mes amis de combat et d'espoirs.

Dans son blog du mercredi 15 novembre 2017, Roger Colombier affiche l'éditorial de Riss, responsable de «Charlie Hebdo », intitulé : « Jamais ! ». Riss y met gravement en cause le directeur de Mediapart, Edwy Plenel. Défendre la liberté d'opinion et celle de la presse est une bonne cause, à laquelle je suis rallié depuis toujours. Cautionner la manipulation des textes et une basse campagne politicienne dont « l'affaire Tariq Ramadan » est le prétexte, est une pratique que je dénonce.

 

Dans son éditorial, Laurent Sourisseau, dit Riss, prête la phrase suivante à Edwy Plenel : « La « une » de Charlie Hebdo (sur le pénis de Tariq Ramadan, NDLR) fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans ». La formule serait en effet discutable si elle était exacte, mais c'est un mensonge. La citation précise est : « La “une” de “Charlie Hebdo” fait partie d’une campagne plus générale que l’actuelle direction de “Charlie Hebdo” épouse. M. Valls et d’autres, parmi lesquels ceux qui suivent M. Valls, une gauche égarée, une gauche qui ne sait plus où elle est, alliée à une droite voire une extrême droite identitaire, trouvent n’importe quel prétexte, n’importe quelle calomnie, pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l’islam et les musulmans». Riss est trop ancien dans le métier de la communication pour ne pas connaître la technique de la citation tronquée et du montage de studio. Cela s'appelle manipulation et c'est indigne de quiconque se prétend journaliste.

 

Je ne crois pas un instant que Roger Colombier puisse être solidaire d'un mensonge, encore moins s'il vient de ses adversaires politiques. C'est bien là qu'est la question. De qui Riss est-il le nom ou le prête-nom ? Au moment où Manuel Valls, piteusement et provisoirement réélu député contre la gauche à Évry (en ballottage constitutionnel), cherche à se retrouver une boutique à diriger, son offensive politique contre les « islamo-gauchistes » est cousue de fil rose et de laïcité autoritaire. Que Charlie Hebdo soit partie de l'éventail médiatique supposé redonner des couleurs à l'ex de Matignon, est une évidence, quand on se donne la peine de regarder plus loin que le clavier de Riss et la minable « une » sur Plenel qui est aussi une infamie graphique à l'égard de « l'Affiche rouge » du groupe Manouchian.

 

« Je suis Charlie pour la liberté de la presse. Envers et contre tout. Et surtout contre les intégrismes qui, sous un couvert de laïcité, énoncent des anathèmes pire que les théologiens extrémistes ayant cours dans toutes les religions de notre planète » (Roger Colombier). Je serais sans doute d'accord si les intégrismes en question étaient nommés. Il y a plusieurs malades dans ce genre d'hôpital. Y figure selon moi l'intégrisme pseudo-républicain laïcard d'un Valls en quête de survie politique, à qui l'on doit ce défi public à l'intelligence humaine et à la lutte anti-terroriste : « Chercher à comprendre, c'est commencer à excuser ». Il faut renvoyer tous les chercheurs chez les Khmers Rouges, où la culture était circonscrite aux rizières.

 

Ni Mediapart ni Plenel n'ont besoin de moi comme avocat. Je m'abstiendrai donc et donnerai à Roger Colombier et à ses lecteurs d'autres réflexions sur les utilisateurs de l'outil Charlie Hebdo depuis l'attentat du 7 janvier 2015 et ses huit morts, sans compter les traumatisés, probablement à vie, dont Riss et Coco. La solidarité était la moindre des choses et l'honneur de tout démocrate. Elle est arrivée massive, sans manifestation à grand spectacle, avec un déferlement d'abonnements et de soutiens, moraux et financiers, apportant d'autres alluvions moins nobles.

De l'hebdo de Charb menacé de fermeture par manque de ressources surgit un pactole de plus de 10 millions d'euros et un titre devenu intouchable par quiconque, sauf à être accusé de complicité « islamo-gauchiste ». Arrivent aussitôt les « amis »  pour aider à gérer la manne : Anne Hommel, ancienne communicante de DSK, Richard Malka, avocat de Clearstream contre Denis Robert et bien sûr « de gauche », comme le revenant Philippe Val, humoriste carriériste chef de France Inter sous Sarkozy, irréductible révolutionnaire comme chacun sait. Tous ces pique-assiette de haut vol ont des amis communs : le trio des ex-jeunes rocardiens Manuel Valls – Alain Bauer – Stéphane Fouks, toujours en contact sur les coups tordus de la gauche caviar ou sushi. Ils ont comme porte-flingue des polémistes «islamologues » tendance Femen comme Caroline Fourest, des journalistes barbouzes comme Mohamed Sifaoui, des journalistes cafards comme Frédéric Haziza, des géopolitologues admirateurs de l'OTAN comme Frédéric Encel, des petits politicards crypto-PS comme Amine El Khatmi, des réalisateurs opportunistes comme Daniel Leconte, et disposent d'un bon carnet d'adresses dans la presse mainstream, de Valeurs Actuelles à l'Obs et du Figaro à Marianne, sans parler des chaînes d'info continue et de l'audiovisuel public où ils ont micro ouvert. Ils jouissent de la sympathie de gens « irréprochables »  et fortuné(e)s comme feu Pierre Bergé, Élisabeth Badinter ou Anne Sinclair. Pour se donner  un fonds de commerce idéologique, il faut trouver un adversaire. L'hydre a les têtes «les complices de l'islamo-gauchisme »  Edwy Plenel, Pascal Boniface, Edgar Morin, plus tout ce qui reste à gauche d'esprits libres pour dénoncer la pensée unique social-libérale et sécuritaire, les lois liberticides et la mise au pas de toute résistance intellectuelle et populaire.

 

Et Riss, propriétaire tout-puissant à 70 % d'un Charlie Hebdo inattaquable, sauf à couvrir aussitôt d'infamie jihadiste les critiques téméraires ? Honnête dessinateur dépassé par un drame dont il fut lui-même l'une des victimes physiques ? Idiot utile, pour reprendre la formule des amis de Valls pour Plenel, de politiciens et de financiers professionnels qui l'utilisent comme une marionnette  plus ou moins consentante ? Ou marionnettiste en chef conscient d'être provisoirement incontournable et savourant sa revanche de manipuler ceux qui n'ont pas levé un doigt pour sauver son journal avant janvier 2015 ?

 

Gilbert Dubant

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C
Je ne l'ai pas dit comme G. Dubant mais nos approches convergent quand j'ai posté hier "être Charlie mais pas à n'importe quel prix".
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L
Oui, j'avais omis de lire ton article. Ma plume s'était donc bien égarée. Je l'ai rectifiée avec l'approche de Gilbert Dubant et je reposterai ta chronique à ce sujet.