Exposition Le Mantois sous la guerre (1939-1945) à Limay (78)
En août 1945, dès la libération du Mantois, combats où la résistance locale pris toute sa place aux côtés des Américains, la CGT retrouve ses locaux dans la Bourse du travail.
Elle en avait été chassée par le dernier gouvernement de la 3e République, parce qu'elle était dirigée par les communistes. Son secrétaire général, Gabriel Rouleau, est déchu de son mandat de conseiller prud'homme et avec lui tous ses camarades, communistes ou supposé l'être. Mis au ban de la nation, cela ne l'empêchera pas d'être mobilisé comme soldat lors de la déclaration de guerre. Démobilsé, il retrouve le Mantois et, avec Louis Racaud, forme le premier groupe de résistance en août 1940.
Les affiches allemandes de cette époque et le communiqué du préfet collaborationniste de Seine-et-Oise, Marc Chevalier, témoignent de l'action de cette résistance communiste.
Gabriel Rouleau
A Mantes, l'Union locale est dissoute, parce que dirigée par Gabriel Roulleau et une majorité de communistes. Elle est chassée de la Bourse du travail. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale éclate, cela n'empêche pas que la France mobilise les citoyens de dernière zone que sont les communistes.
Démobilisé après l'armistice de juin 1940, Gabriel Roulleau doit nourrir à Mantes sa femme et ses trois enfants. La vie n'y est pas facile, aucun patron ne voulant salarier celui qui fut un meneur cégétiste dans le Mantois, communiste banni de surcroît.
Le 26 août 1940 avec Louis Racaud, Robert Dubois et Robert Le Maoût, eux aussi anciens de la CGTU et adhérents du PCF, c'est le premier embryon de résistance dans la région mantaise. Pas d'arme à leur disposition, que de l'outillage pour saboter quelques lignes téléphoniques, mais surtout la ronéo et du papier subtilisés dans la Bourse du travail avant qu'elle ne soit dissoute et chassée de ses locaux; un policier sympathisant avait prévenu Gabriel Roulleau de l'imminence de la chose.
Un rapport de police à l'été 1940, conservé aux Archives départementales de l'ex-Seine-et-Oise, atteste que de la propagande communiste a été découverte à Limay. Et suite aux cisaillement de lignes téléphoniques, la Feldkommandantur de Seine-et-Oise ordonne à la mairie de Mantes de faire paraître un avis à la population condamnant ces actes de sabotages.
A l'occasion du 14 juillet 1941, un nouveau tract communiste est découvert dans Mantes. Aussitôt, le décret du préfet s'applique de droit sur les communistes fichés antérieurement par la police. Déjà en résidence surveillé, Gabriel roulleau rejoint le sanatorium d'Aincourt, réquisitionné en camp d'internement à l'usage exclusif des communistes de la région parisienne. Ce camp est ouvert depuis octobre 1940 sous administration exclusivement française et gardé par des gendarmes mobiles français. Aincourt, centre de tri vers d'autres prisons, le peloton d'exécution ou la déportation dont peu d'internés survécurent.
Entrée du camp d'Aincourt, en faction, un gendarme français.
Dans le camp, Gabriel Roulleau ne renie pas son engagement politique. Les enquêtes diligentées fréquemment par le directeur sur les internés le dénombrent comme "communiste dangereux". En effet, le PCF se réorganise dans le centre d'internement et agit: journal clandestin écrit à la main; mouvements de grève; action à des dates spécifiques comme la célébration du 1er mai ou l'anniversaire de la Commune de Paris. Pour briser cela, l'administration transfère les internés qu'elle juge dangereux vers d'autres camps: Châteaubriant, Voves, Rouillé, Compiègne, Fontevrault...
Gabriel Roulleau est du transfert pour Rouillé le 6 septembre 1941. La fiche de police qui l'accompagne dit: "interné en vertu d'un arrêté du préfet de Seine-et-Oise en date du 7 août 1941. Secrétaire appointé de l'Union locale des Syndicats de la région mantaise. Secrétaire du Syndicat des métaux et propagandiste communiste. Était considéré comme le chef du mouvement communiste de la région de Mantes. Avant son internement, avait été astreint à la résidence obligatoire dans sa localité. Au camp d'Aincourt, ne s'est pas désolidarisé des doctrines moscoutaires".
Camp de Rouillé dans lequel est conduit Gabriel Roulleau
Il en repart pour celui de Pithivers, l'administration pénitentiaire veut briser cette résistance à Vichy et aux Allemands que se fait jour à Rouillé. L'ouvrier en fonderie tombe gravement malade dans le camp de Pithiviers. A l'infirmerie, il est tabassé à mort par la Milice et laissé pour tel sur un grabat. il échappe ainsi au convoi de la mort pour l'enfer concentrationnaire nazi.
Nous sommes en 1944 et le camp est libéré par la Résistance Française et des soldats alliés qui étaient tous proches. Gabriel Roulleau retrouve sa femme et ses trois enfants à Mantes, ainsi que Louis Racaud l'un des responsables régionaux de la Résistance communiste. Robert Dubois, lui, est mort dans un camp de concentration nazi, ainsi que son épouse Marie ex-secrétaire du syndicat CGT des couturières du Mantois.
En septembre, sous la signature de Gabriel Roulleau, l'Union locale CGT avise dans la presse libre qu'elle a repris ses activités à la Bourse du travail. Elle demande aux autorités de la Libération l'application stricte des conventions collectives établies en 1936, la défense des salaires, les paiements des journées insurrectionnelles de grève et une indemnité de 75% pour les salariés licenciés pour faits de guerre.
Gabriel Roulleau est élu conseiller municipal communiste de Mantes-la-Jolie aux élections de 1946 et retrouve son siège de conseiller prud'homme.
Défilé du premier mai 1946 dans les rues de Mantes.
La CGT a ressorti ses drapeaux cachés dans des caves durant ces années noires. Celui du Front populaire des métallos, fabriqué et cousu par le syndiccat des couturières, est en cours de restauration. Il sera présent lors des 120 ans de la CGT dans le Mantois le samedi 10 octobre 2015. Qu'on se le dise!