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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Des vies à bas coût

La catastrophe aérienne du 24 Mars 2015 dans les Alpes du sud a jeté un jour brutal sur les conséquences du développement effréné du « low-cost » dans sa version aérienne.

D’emblée, les responsables politiques allemand, français et espagnol se sont précipités pour écarter tout début d'explication qui aurait pu laisser penser que la gestion à coût minimum de cette compagnie serait responsable de cet accident. Le crash à peine connu, se relayant dans les médias, ils ont assuré le service pour la compagnie allemande et ses homologues. Il fallait à tout prix tirer tout de suite le rideau sur cette recherche du profit maximum qui tue : le capitalisme.

Merkel, Hollande, Philippe VI, en honnêtes serviteurs de ce système ont volé la vedette aux spécialistes de l'aéronautique. Triés sur le volet ils n'ont pu s'exprimer qu'à la condition de ne pas remettre en cause la réduction de trois personnels à deux dans le cockpit : de deux pilotes et un mécanicien à deux pilotes. Terrorisme, folie, aléa technique ont été convoqués immédiatement pour répandre un épais brouillard sur l'autre cause possible du drame : le sacrifice choisi de la sécurité aux profits, ceux de la Lufthansa en l'occurrence, un fleuron du capitalisme allemand. Brouillard très tenace aussi sur les grèves des pilotes allemands (14 jours depuis 1 an) dont les revendications étaient rigoureusement identiques à celles de leurs homologues français en grève en Septembre 2014 ; elles concernent aussi le développement de la compagnie Germanwings au détriment de la Lufthansa, développement qui leur faisait craindre le pire, en termes de salaires, de conditions de travail, de sécurité. La dernière grève avait eu lieu le 21 Mars ! Les pilotes déclaraient alors : «  Nous sommes prêts à faire grève pendant des années ».

Les actionnaires de Lufthansa ont eu quelques sueurs froides pour le cours de leurs actions, ils ont été vite rassurés par le patron Carsten Spohr précisant que cette baisse serait modérée et très temporaire. En effet, ce même patron remplit bien son contrat, 3500 postes supprimés, c'est bon pour la Bourse.

C'est aussi pour tuer dans l'œuf une évidence : le bas coût rapporte beaucoup aux multinationales mais les travailleurs en paient le prix et ce prix est très élevé. Ce qui est surtout «  low cost », ce sont les salaires comprimés à l'extrême, les emplois bradés au moins disant, le temps de travail, les conditions de travail, la vie. Le seul gagnant, c'est le patronat qui souhaite développer ce modèle tous azimuts, pour son plus grand profit.

Ce modèle, né dans l'après-guerre, en Allemagne et en France - Aldi et Leclerc dans l'alimentaire d'abord - ne connaît pas de limites. Il concerne tous les secteurs : épicerie, automobile (Dacia), mobilier (Ikea, Aliena), bricolage (Bricodépôt), coiffure (Tchip), vêtements (Zara, H&M), hôtellerie (F1), banque (Direct), logement (maisons Elika de Bouygues), assurances et mutuelles. Seul le luxe y échappe. Pourquoi ?

Des délocalisations et externalisations vers les pays ou les entreprises à bas salaires, on assiste à une nouvelle externalisation : vers le client lui- même. Il monte ses meubles, se sert tout seul, finit sa maison etc. tout en payant toujours autant voire plus. Le modelage sociétal du «  client malin »   y participe largement, la complicité des « décroissants » de toutes sortes aide bien les « patrons malins ». Ceux-ci, outre leurs profits qui s'envolent, construisent pour les travailleurs discount une société discount qui permet de maintenir un très bas niveau de salaire à protection sociale minimale.

Les pilotes allemands se disent « prêts à faire grève pendant des années ». Ils ont raison, c'est la seule voie. Il faut éliminer l'exploitation capitaliste, chasser les patrons de ces entreprises, « low-cost » ou pas. Seul le peuple sait et peut gérer pour le peuple.

Pris sur le blog del Diablo

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