Sans dents, illettrés: le retour des gueux?
Ces deux termes sont sortis, l'un de la bouche d'un président socialiste de la République, l'autre de son ministre de l'Economie qui se revendique du même parti. Ils montrent bien l'abîme séparant les hors sols de la politique et nos concitoyens les plus défavorisés dans notre mauvaise société.
Les progressistes ont vilipendé ces termes employés par deux énarques sensés administrer la nation pour l'intérêt général. On pourrait croire alors que parmi les 87% d'opinions défavorables au locataire de l'Elysée, beaucoup se lèveraient contre cette outrance.
Or, la dernière enquête permanente du Crédoc (centre de recherche et pour l'étude et l'observation des conditions de vie), réalisée entre décembre 2013 et janvier 2014, n'indique pas hélas cet état d'esprit: 37% des sondés pensent que les pauvres ne font pas d'effort pour s'en sortir; 64% estiment que "s'ils le voulaient", les chômeurs pourraient retrouver un emploi; 44% pensent que l'aide aux familles déresponsabilise, 53% que le RSA incite à glander et 63% que l'aide apporté à la misère est trop élevée ou suffisante. Brr!
On est bien loin là des circonvulations sans fin en marche vers des étoiles ou autour d'une 6e république qui raserait gratis. Cette étude révèle plutôt que le credo capitaliste, les citoyens improductifs exploitant les citoyens productifs, prend de l'élan dans notre ancienne patrie des droits de l'Homme et du citoyen. Cette étude témoigne aussi de l'insécurité grandissante de franges de la population jusqu'ici moins exposées à la crise. Franges qui se définissent par classes, telles que les médias de la pensée capitaliste leurs disent au quotidien.
Attention, danger. Il n'y a que 2 classes antagonistes: celle qui exploite les hommes et leur labeur pour en tirer des profits et la masse de tous les autres. Si dans les organisations dites progressistes, on fait l'impasse sur cela, la solidarité avec les plus défavorisés apparaîtra toujours moins comme une idée fédératrice contre notre mauvais société. Et l'on ne chantera l'Internationale qu'après un congrès. Si elle y est toujours chantée.