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Publié par Le Mantois et Partout ailleurs

Aujourd'hui, les drapeaux de Svoboda flottent sur les manifestations à Kiev, capitale de l'Ukraine. La presse française de la pensée unique nous parle d'éléments radicalisés. Un peu comme s'ils étaient des révolutionnaires épris de justice et de liberté.

En fait, Svoboda, qui veut dire "Parti de la Liberté" en ukrainien est un mouvement d'extrême-droite. Il a engrangé 10% des voix aux dernières élections, particulièrement dans l'Ouest du pays.

Jusqu'en 2004, Svoboda s'appelait Parti national-socialiste d'Ukraine. Il a trouvé depuis un nom plus respectable, mais ne s'en réclame pas moins toujours de l'Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN). La branche armée (UPA) de ce mouvement collabora activement avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et participa au génocide.
Svoboda s'est «illustré en protestant contre l'organisation d'une gay pride à Kiev et s'est indigné qu'une artiste au teint mat représente l'Ukraine au concours de l'Eurovision. L'an passé, le parti avait organisé une manifestation contre le pèlerinage dans la petite ville d'Ouman de Juifs hassidiques sur la tombe de Nahman de Bratslav, charismatique rabbin décédé en 1810. A plusieurs reprises, Oleh Tyahnybok, le chef de Svoboda, a qualifié le régime du président Ianoukovitch de "mafia judéo-moscovite". Plus récemment, un militant de Svoboda s'est offusqué que l'on fasse état des origines ukrainiennes de l'actrice américaine Mila Kunis, soulignant qu'elle était en réalité "juive"», relatait Le Figaro.


Louis Monnier, professeur d'histoire-géographie à la retraite avait passé quelques jours en Ukraine. Son témoignage, pris sur le blog de canempechapasnicola sur overblog:

 

Commémoration du 70e anniversaire de la création de la division SS Halychyna, Ukraine, le 21/07/13 (Crédit : Louis Monnier)

 

En ces temps où l’on parle de l’Ukraine pour son refus de signer un accord avec l’UE et les manifestations pro-européennes qui en découlent, voici un autre visage du pays, que j'ai pu voir de mes propres yeux.

Cet été, je me suis rendu dans la région de Brody, dans l'ouest ukrainien, avec une amie canadienne d'origine ukrainienne (et ukrainophone). Le 21 juillet 2013, j'ai assisté à un événement assez surprenant pour un européen occidental.

 

Un curieux anniversaire

 

A cette date, les nationalistes et leurs sympathisants, entraînés par le parti d’extrême droite Svoboda (dont on voit beaucoup flotter le drapeau ces jours-ci à Kiev), saluent le passé collaborationniste avec les nazis. Ils ont commémoré cette année le 70e anniversaire de la création de la division SS Halychyna(désormais 1ère division ukrainienne), qui a combattu dans les rangs des Allemands lors de la bataille de Brody (juillet 1944).

 

Tout commence par une messe gréco-catholique auprès du monument érigé sur le mont Jbyr, un revers de côte qui domine la plaine, à la mémoire des divisionnistes ukrainiens qui y attendaient de pied ferme l’armée soviétique pour retarder sa progression dans la reconquête de l’Ukraine.

 

Le mont Jbyr (Crédit : Louis Monnier)

 

Des milliers de soldats sont tombés là, des milliers de civils se sont terrés sous les bombardements et beaucoup y ont péri… Les souvenirs des survivants sont terrifiants. Mais rien ne transparait plus dans cette manifestation où se pressent quelques anciens de la division, des nostalgiques, avec femmes et enfants, des militants de Svoboda portant la chemise brodée ukrainienne et quelques curieux des environs.

 

Les discours des autorités (maire, président des anciens de la division…) se succèdent tous plus enflammés les uns que les autres, clôturés par celui d’Iryna Sekh, députée de Brody au Parlement national et figure de Svoboda. Un chanteur "engagé" entonne ensuite des chants patriotiques, suivi d’un groupe formé de quelques anciens "Upistes", ces anciens membres de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA).

 

Discours, gerbes et sigle SS

 

Tout ce beau monde ne doute pas un seul instant de la grandeur du combat mené par la division SS et sans aucune attention à tous les méfaits qu’elle a pu commettre, notamment la destruction complète du village de Huta Pieniacka et de son millier d'habitants, le mitraillage de 365 habitants d’origine polonaisede Palykorovy en 1944, son entrainement en France contre les maquisards, sa chasse des partisans biélorusses, sa participation à la destruction du ghetto de Varsovie, etc.

 

Ce qui compte avant tout, c’est qu’elle a voulu "libérer l’Ukraine" des bolcheviques et du communisme, mais en semblant oublier que c'était au profit des nazis et du nazisme !

 

Une fois les gerbes déposées et les discours prononcés, ponctués d’un "Vive l’Ukraine ! Vive les héros !", les participants rejoignent les cars affrétés à cet effet et partent pour le lieu suivant : Pidhirtsi, autre point de la côte dominant la plaine et où se dresse un tumulus planté d’une croix et entouré de quelques tombes.

 

Nouvelle messe, nouveaux discours, nouveaux chants et nouveau départ pour la dernière et majeure étape : le cimetière de la division à Tchervone. Là sont enterrés ceux qui ont péri dans la bataille et ont été identifiés. La foule est cette fois beaucoup plus conséquente. Il semble que l’on soit venu de plus loin, les autorités viennent de la capitale régionale, Lviv, qui est à une soixantaine de kilomètres.

 

Le cimetière-mausolée de Tchervone (Crédit : Louis Monnier)

 

Il est prévu d’ensevelir, avec tous les honneurs, deux dépouilles de soldats de la division retrouvés récemment sur les lieux de la bataille. Cela se fait en grande pompe, sous l’égide des plus hautes autorités religieuses uniates, en présence d’une foule bigarrée.

 

Les dépouilles sont escortées par des figurants revêtus des uniformes allemands correspondant à ceux que portaient les divisionnistes et, après la bénédiction des cercueils, une salve d’honneur est tirée par deux soldats en uniformes allemands ornés du sigle SS sur leur col.

 

Au cimetière de Tchervone (Crédit : Louis Monnier)

 

Une mémoire tronquée, un présent incertain

  

Svoboda a un très bon ancrage dans l'ouest de l'Ukraine. Pendant les trois mois que j'ai passé dans cette région du pays, j'ai pu constater à quel point ce parti, avec le soutien non négligeable de l'Eglise gréco-catholique, imposait sa vision de l'histoire de la guerre et de ses suites en URSS jusqu'au début des années 1950, dans le seul but de discréditer "l'occupation bolchevique" et de glorifier l'action de ses "combattants de la liberté" que furent les membres de l'armée insurrectionnelle ukrainienne et les soldats de la division SS.

 

Chemin faisant, non seulement la Seconde Guerre mondiale n'est guère plus commémorée, ses monuments vandalisés, abandonnés ou récupérés à d'autres fins, mais en plus est éliminé tout ce qui pourrait entacher la réputation des "nouveaux héros".

Or ceux-ci ont laissé dans les mémoires le souvenir d'atrocités perpétrées contre la population civile qui ne les avait pas soutenus, des Ukrainiens mais aussi des Polonais. Quant aux Juifs, pourtant très nombreux dans la région, victimes de la Shoah par balles et des déportations de masse auxquelles les Ukrainiens sur place ont assisté, voire participé, ils se sont "évanouis" dans les mémoires et il n'en reste que quelques traces en voie de disparition.

 

Aujourd'hui, les quelques témoins survivants sont condamnés au silence et ne disposent d'aucuns moyens, d'aucun soutien pour pouvoir exprimer leur opposition.

 

Aujourd'hui les drapeaux de Svoboda flottent dans les manifestations pro-européennes à Kiev 

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S
les pourris extrêmes relèvent la tête un peu partout mais qu'ils n'oublient pas que leurs maîtres les nazis ont été anéantis grâce à la bravoure , au courage de millions de gens engagés, dans l'armée et dans la résistance
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